Texte écrit le jour-même ou les suivants, photos du jour, page publiée de Cotonou, le 3 octobre 2013
Mercredi 18 septembre 2013 (Sortie de Tilbury)
Bonne première nuit à bord (le bateau ne bouge pas!), malgré le bruit constant du système de ventilation/air conditionné/chauffage que j'ai mesuré à 58 db grâce à une application de mon iPhone. Nous avons deux fenêtres donnant à tribord, mais elles ne s'ouvrent pas.
Petite surprise, ce matin: c'est la première fois que je dois baisser la tête pour me doucher! En effet, il y a une marche pour entrer dans la salle de bain et la douche est dans une petite baignoire encore un peu plus haute...
Ce matin, long passage sur le «toit»-pont supérieur, à observer le chargement, à suivre les mouvements d'autres cargos, tant à l'intérieur des docks qu'à l'extérieur, sur la Tamise qui est tout près.
Juste avant midi, l'officier en second nous a montré où étaient le stock de gilets de sauvetage, sur le pont supérieur. Pour moi et, comme il l'a dit avec humour, les Roumains et les Bulgares, il y a quelques tailles XL. Pour Françoise et le reste de l'équipage qui est asiatique, c'est la taille normale!
On peut se déplacer librement sur le pont supérieur, mais pour visiter la partie cargo —et on ne manquera pas de le faire, mais plus tard— il faut être accompagné. On appareillera normalement ce soir à 23h. Il faudra 6 heures pour sortir de la Tamise, 4 pour traverser la Manche et à nouveau 6 pour remonter l'Escaut et atteindre Anvers...
On a aussi parlé des attaques de pirates qui existent en Afrique de l'Ouest, mais d'après cet officier, notre bateau ne court pas de gros risques car il est plutôt rapide et très haut donc difficile à aborder. Tant mieux!
Après-midi un peu semblable, la sieste en plus... et une panne de WC! Effectivement, les chasses d'eau sont «à dépression», comme dans les avions, et nécessitent donc un minimum de motorisation. La situation sera rétablie en fin d'après-midi pour le bonheur de tous!
Depuis le pont supérieur, l'observation est étrangement variée et très intéressante. J'ai vu le chargement d'une pelle mécanique, d'un camion de pompiers et de nombre de voitures neuves pour Lagos (Nigeria), mais aussi pour Abidjan (Côte d'Ivoire) et Conakry (Guinée). Allons-nous faire une escale supplémentaire? Ces ports seront-ils ajoutés au retour, après Téma (Ghana)? Ces véhicules seront-ils transbordés sur d'autres bateaux? Pour le moment, le mystère est total.
Les voitures d'occasion ne sont pas toutes en parfait état: les dockers-chauffeurs soulèvent bien des capots pour les faire démarrer, sur le parking. Ou peut-être n'ont-elles simplement pas de batteries par précaution incendie? On a même vu un peu de fumée, mais sans gravité.
Vers 21h15, je monte sur le pont pour assister aux derniers chargements. Je n'irai me coucher qu'à une heure du mat! D'abord, il y a eu le chargement d'une bonne dizaine d'engins de chantier à chenilles, pelles mécaniques, trax, etc. Certains étaient neufs, mais beaucoup avait l'air usagés et je pense qu'ils ne reviendront pas en Angleterre! Et il y a eu 3 très gros camions de mines Caterpillar, battant neufs. Et puis encore 3 citernes immensément longues, sur des remorques surbaissées, avec leur tracteur, ce qui est surprenant.
Et entre-temps, des voitures, toujours des voitures, neuves ou occases. Une de celles-ci est même tombée en panne juste sur le pont-levis d'embarquement: pas de problème, elle est aussi entrée, poussée à la main.
Depuis notre position surélevée on ne voit malheureusement que la passerelle, pas l'intérieur du bateau, mais on devine que les derniers véhicules sont tout près de la gueule du monstre.
Il est près de 23h quand cette passerelle est finalement remontée le long de l'arrière du bateau. C'est lourd et les palans sont dédoublés (4 réas, 8 longueurs de câble de chaque côté). Il faut bien compter 10 minutes pour l'opération complète.
Puis, un remorqueur s'accroche à l'arrière et la dernière amarre est larguée vers 23h15. On nous tire d'abord à l'écart du quai, puis en marche arrière. Les docks de Tilbury sont assez exigus et notre vaisseau est très long: impossible de faire demi-tour. Il s'agit donc de reculer, de faire pivoter l'avant d'environ 30° vers babord et de s'enfiler tout tout doucement dans une écluse à peine plus large que le bateau. Et quand je dis à peine, il s'agit de moins de 2 mètres en tout et pour tout, distance évaluée grâce aux voitures parquées à proximité! Et ça passe sans toucher, avec peut-être 70 cm de chaque côté: sur plus de 200 m de long, quelle maîtrise! Le bateau est finalement amarré sur tribord.
C'est évidemment un pilote (avec un assistant) qui opère. Le remorqueur d'arrière nous a quitté au début de cette manoeuvre et je ne vois pas s'il y en a un devant.
L'écluse est assez rapidement vidée (il n'y a qu'environ 1 m de marée), mais on doit attendre que la voie se libère sur la Tamise. Il est presque 1 heure du matin quand on prend l'estuaire dans le sens de la descente, après une sortie de port d'un petit kilomètre qui a pris 90 minutes!

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Quand un «Grande»
rencontre un autre «Grande»,
qu'est-ce qu'ils se racontent:
des histoires de «Grande»!
[Air connu] |
À peine dans le courant, nous croisons... le Grande San Paolo, un autre bateau de la même série, qui va peut-être prendre la place laissée libre!
Bon, je vais me coucher!
P.S.- Réponse du capitaine à la question des escales: «Nous n'irons pas à Conakry, ni à Abidjan, ces véhicules seront transbordés sur d'autres navires.». Dommage, je ne me serai pas plaint du retard!
À suivre...
(Rappel: les images sont «cliquables»)
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