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Date : 11 juin 2001 18:42:47 GMT+02:00
De : gc@deltalink.org
Objet : Notes de voyage 11 - Juin 2001 - Virée
À : info@deltalink.org
*** Bamako, lundi 11 juin 2001
Bonjour,
Le dimanche matin a vite passé à quelques tâches ménagères. Il fait tout de
même très chaud et on profite des ventilateurs... quand il n'y a pas de
délestage du réseau! On se douche aussi entre les pannes d'eau, mais on se
douche et je trouve cela déjà pas si mal!
L'après-midi, j'ai accompagné Dominique qui devait installer un logiciel sur
les ordinateurs d'un centre qui dépend de sa "holding" Paysdogon.com. Il
s'agit d'un beau local de 2 grandes pièces avec une quinzaine d'ordinateurs,
dont la moitié de vieux Mac (pour l'édition). On fait ici de la formation et
des accès à Internet.
Après deux fois dix minutes de "Sotrama" et un bout à pied, on arrive sur
place... où il y a délestage, évidemment! Dominique qui a l'habitude dit
qu'il est inutile d'attendre, ça peut durer longtemps.
En faisant à pied une partie du chemin inverse, on tombe sur un Cyber Café.
Il est vide et on entre pour jeter un coup d'oeil sur les machines: 4 PC
entre 486 et Pentium 233. Le patron nous rejoint au moment où le courant
disparaît là aussi! C'est un gars sympa, son centre est modeste et sans
frime, mais intelligemment conçu et bien visible. Il fait aussi du commerce
et pourrait être intéressé à DeltaLink. Échange de cartes et photo...
C'est un peu plus tard que j'ai fait les photos du message précédent.
À la nuit, par une brise très agréable, on s'est pointé au maquis du
quartier. C'est pas la première fois qu'on y va car le patron, assis dans
l'arrière cour au milieu de divers produits et ustensiles fait une cuisine
du tonnerre! C'est un lieu en plusieurs parties, plus ou moins sombres: la
télé avec les fans de foot, la terrasse bistrot-restaurant, un bar, et
vraisemblablement des chambres de passes, mais je n'ai pas posé de questions
et c'est assez discret! Après un superbe steack petits-pois, on est rejoint
par deux amis de Dominique: Aliou Maïga, journaliste employé par une ONG
canadienne (?), études à Moscou; et Karim Do, prof de psychologie.
On a assez vite décidé de trouver un endroit plus animé. Nos deux compagnons
ont chacun une Yamaha 125. Je monte derrière Aliou, Dominique derrière Karim
et en avant!
Mais où? Là je ne peux pas les aider! À eux trois, mes compagnons décide de
passer successivement dans plusieurs lieux, souvent éloignés de 4 ou 5
kilomètres. Hélas, ce soir, "il y a plus d'animation dans les mosquées
qu'aux maquis", comme dit Aliou. C'est vrai qu'un est la veille du 7e jour
après Maouloud (fête de la naissance du prophète). Demain c'est donc la fête
du baptême du prophète et ce soir... c'est marqué "dommage"! Remarquez que
j'ai échappé au jour férié de Maouloud, mardi dernier, sûrement du fait que
le Bénin est plus chrétien que musulman.
Bon. Après une vingtaine de kilomètres de virée à moto, mais prudemment, on
est avec des intellos, il ne nous reste plus qu'à nous rabattre sur le Mess
des officiers (j'aurais jamais autant fréquenté ce genre de lieu!). On
s'installe les quatre autour d'une table, dans la verdure, pour philosopher
(à défaut de danser!). On parle évidemment de l'avenir du Mali, du
développement de l'Afrique, du choc des cultures. Je peux vous dire que le
film qu'on a projeté à l'Assemblée générale est encore parfaitement
d'actualité ("Fynié" pour ceux qui n'y étaient pas). La lutte individuelle
contre une tradition souvent mal adaptée à la vie actuelle, surtout
citadine, est-elle vouée à l'échec ou y a-t-il un espoir de changement des
mentalités à court terme?
Ce qui est bien dans ce genre de discussion, c'est qu'ici les intellectuels
africains gardent un sens de l'humour et de l'autodérision qui fait souvent
défaut chez nous! On mesure mal ce que ces gens endurent et quel est leur
déception à constater l'inconscience et l'irresponsabilité de la majorité de
leur compatriotes.
On m'explique, par exemple, que la loi sur le mariage est très défavorable à
la femme dans le processus d'héritage. Cette loi est en cours de révision
dans le bon sens. Et bien un puissant mouvement de femmes intellectuelles
musulmanes s'oppose à cette révision!
Sans parler de la corruption et des magouilles qui sont la règle, ici!
Une dernière bière au maquis de départ et il est près de 3 heures du mat
quand on rentre à "Mali Univers". Bilan de la soirée: peu de musique, mais
des échanges d'idées passionnants...
------
Moi, je suis déçu par le résultat des urnes suisses [Modification de la loi sur l'armée, etc.], mais c'est peut-être moins important.
À la prochaine, les amis,
Gilbert Cujean
--
... en voyage en Afrique [:-3)=
Date : 13 juin 2001 15:44:48 GMT+02:00
De : gc@deltalink.org
Objet : Notes de voyage 12 - Juin 2001 - Les artistes
À : info@deltalink.org
*** Bamako, mercredi 13 juin 2001
Chers amis,
Je viens de sauter un message, il s'agit maintenant de mettre les bouchées
doubles! Ça sera facile, car lundi a été calme.
D'abord, j'ai récupéré un peu de sommeil, puis, j'ai travaillé à ma
prospection de contacts pour DeltaLink. Ce lundi étant férié grâce (ou à
cause?) du Prophète, j'ai collecté une bonne dizaine d'adresses e-mail, par
l'annuaire téléphonique ou directement par Dominique. Un petit mailing de
prise de contact a été envoyé à ces prospects qui sont des entreprises
d'informatiques et des revendeurs de matériel neuf.
En fin d'après-midi, Dominique m'a emmené, à pieds, à l'autre bout du grand
quartier où se trouve sa maison, pour me montrer l'installation de GIH
(Groupement pour l'Informatique et l'Habitat), un centre de formation et
d'accès aux NTIC dont il est l'un des promoteurs. Malheureusement, le
gardien qui a la clé n'est pas devant la porte et on ne peux pas visiter...
Plus tard, on s'arrête pour manger dans un resto. Le temps devient
progressivement tempêtueux: il y a des rafales de vent (enfin de la
fraîcheur!), alors que des éclairs toujours plus nombreux zèbrent la nuit
dans le lointain. L'orage est encore bien à 10 ou 15 km et il semble se
déplacer latéralement. Une rupture d'électricité plonge soudain tout le
quartier dans la nuit noire. On prend le chemin de la maison, un bout en
"Sotrama", le reste à la lampe de poche (il n'y a pas de lune et il faut
vraiment faire attention où on met les pieds, ici!).
Ce n'est que bien plus tard, vers 2 heures du matin que l'orage est passé au
dessus de nous. Une impressionnante tempête de vent avec des trombes d'eau,
puis une pluie assez forte jusqu'à 6 heures environ. Bon pour les cultures!
Mardi: reprise du boulot. Pour des milliers de gens, rien ne change
d'ailleurs, ce n'est que les employés qui ont eu congé hier et ils ne sont
pas majoritaires. Pour moi, c'est la possibilité de rencontrer certains
contacts.
Étape préliminaire: acheter une carte prépayée pour le téléphone (fixe, non
pas mobile). Dominique croit savoir qu'on en vend non loin de chez lui:
c'est pas vrai. On se renseigne, on nous envoie plus loin: rien. On nous
indique finalement le banc d'un vendeur de cartes téléphoniques, mais ce
sont des cartes à puce réservées aux cabines qui les acceptent (je m'en
aperçois juste à temps); ce que je cherche ne se trouve qu'en ville, à la
direction des télécoms... Il s'est passé 2 heures depuis le début de notre
quête, sans résultat, c'est comme ça ici!
La carte achetée, on traverse une zone un peu tendue. Il y a deux jours, les
autorités de Bamako ont délogés des milliers de petits commerçants qui
avaient créé une sorte d'immense "bidon-marché" illégal, sur un espace de
plusieurs hectares. J'ai vu des images d'avant à la télé: malgré les menaces
et les possibilités d'installation ailleurs, les gens ne voulaient pas
quitter les lieux. Les "ninjas" de la gendarmerie nationale sont intervenus,
même au gaz lacrymogène, pour faire déguerpir tout ce monde, et maintenant,
les policiers doivent camper sur place pour que la zone ne se recrée pas
dans leur dos! Sur l'artère qui traverse le terrain vague, il y a un flic
tous les 50 mètres, avec casque et matraque et plusieurs groupes d'une
vingtaine d'autres avec des lance-grenades sont stationnés à l'ombre des
rares arbres du coin. Je n'ai pas osé prendre des photos, j'ai pas mon
accréditation! ;-)
J'ai reçu une réponse à ma série de messages e-mail.
Un autre destinataire, libanais, est situé juste avant, sur l'avenue Al
Qoods. On s'arrête pour le voir. Il fait assez affairiste, avec un gueule de
série B américaine. Il regarde les prix, dit qu'il verra s'il y a un marché.
Le payement d'avance ne lui plait pas et il craint les tracasseries
douanières, ce qui recoupe d'autres informations comme quoi ici les
douaniers travaillent carrément à leur propre compte! Il avait bien reçu le
message, mais n'y avait pas répondu. Après lecture, il m'a rendu ma carte de
visite (!), mais on a discuté encore un peu et il a gardé la copie de
l'offre d'avril de DeltaLink...
L'autre contact qui, lui, a répondu à mon message, est originaire de
Tombouktou et si j'en crois les diplômes affichés au mur, il est docteur
d'une école polytechnique canadienne. Réaliste, il dit que le marché existe,
que nos prix sont intéressant et qu'il gardera le contact. J'ai bien envie
de le croire! [Il se nomme Baba, c'est cool!]
Après de superbes brochettes de filet au "Relax" tout proche, on marche un
peu sous le soleil de plomb. Un Sotrama puis un autre nous délivrent du
rayonnement direct, mais sous la tôle, ça chauffe rudement! Cette fois c'est
Dominique qui cherche fébrilement un endroit où on peut boire une bière. Ces
endroits sont étrangement rares à Bamako (comparé à Ouagadougou, par
exemple), et on sent là tout le poids de l'islam et de la pauvreté cumulés. Bamakois je te plains!
On quitte le minibus juste après le pont sur le
Niger: au Mess des officiers on commence à être des habitués!
Plus tard, pour rentrer, Dominique veut prendre un taxi car "il est fatigué
et a encore du boulot". J'ai pas très bien compris ce qui s'est passé
ensuite, mais je pense que les deux passagers qui étaient déjà dans la
voiture quand on est monté et qui ont provoqué un détours du taxi dans un
quartier voisin ont été les catalyseurs. Toujours est-il que Dominique, qui
a quelque fois des revirements étranges, fait arrêter la voiture devant une
maison avec des décorations extérieures. Deux mots échangé avec un gars qui
est là et ce dernier enfourche sa mobylette, guide le taxi sur 200 mètres
dans le quadrillage des ruelles, nous indique une porte puis retourne d'où
il vient...
On est chez Kandjoura Coulibaly [Photo ci-dessus], peintre créateur de bogolans, ces fameux et
superbes motifs géométriques qui ornent les tissus maliens, et également
créateur de costumes et accessoires de cinéma... de "Fynié", par exemple,
que nous avons projeté à Cossonay le soir de l'AG de DeltaLink! C'est aussi
ça l'Afrique! Kandjoura a exposé à Bâle l'année passée et plusieurs fois en
France et dans le reste de l'Europe. Son travail est d'une rare beauté
(malheureusement, je n'ai vu que des photos), ses costumes de cinéma sont
extraordinaires et c'est un artiste reconnu.
Mais la soirée ne faisait que commencer et un peu plus tard, un sculpteur
s'est pointé avec deux lances aux grosses pointes en bronze poli: des
accessoires pour un film en préparation. À peine parti, il était remplacé
par Habib "Guimba" Dembélé [Photo ci-contre à droite], un comédien malien très connu, lui-même suivi de
peu par une équipe de 3 femmes et un homme, français, puis par Cheik Omar
Sissoko [Photo de gauche. Il deviendra Ministre de la Culture du Mali en octobre 2002.], réalisateur de cinéma (Guimba; La Genèse). Ce dernier a créé la
société Cora-Film et tous ensemble, ils sont en train de travailler à la
mise en route d'une sorte de maison des arts et de la culture privée, projet
de Cheik Omar. On aura l'occasion d'en reparler, ne vous en faites pas!
Pour le moment on est invités spontanément, à l'africaine, et après l'apéro,
c'est le repas et les discussions. C'est aussi la rigolade avec le récit
d'un certain nombre d'histoires sur les Ivoiriens qui doivent être les
Belges (ou les Suuiiisses!) de la sous-région!
Le poulet est délicieux, on boit même un peu de vin bordelais assez bon... mais pour la soif, il y a mieux!
Rendez-vous vendredi où il y aura une projection de "La Genèse", le dernier
film de Cheik Omar!
------
Et bonne journée à tous!
Gilbert Cujean
--
... en voyage en Afrique [:-3)=
Date : 15 juin 2001 09:31:20 GMT+02:00
De : gc@deltalink.org
Objet : Notes de voyage 13 - Juin 2001 - Presque rien...
À : info@deltalink.org
*** Bamako, vendredi 15 juin 2001
Mes chers correspondants,
J'écris avant tout ce message pour vous prouver que je vais bien et que je
suis toujours "branché"... quoi qu'il faille multiplier les essais avant
d'obtenir une connexion qui est souvent un peu lente (14'400 à 28'800 bds).
Car à part des banalités, je n'ai pas grand chose à vous raconter.
Il fait tout de même très chaud: 38 à 40°C à la météo-TV. Si on se replace
dans la réalité, partiellement au soleil ou sous une tôle quelconque, cela
doit bien faire 5 à 8 points de plus! La maison de Dominique est assez
confortable, même s'il n'a pas terminé son aménagement, alors on reste une
partie de la journée dedans, surtout entre 12 et 16 heures.
Mercredi, j'ai pu voir les locaux de GIH qui étaient fermés lundi:
secrétariat, salle de formation, atelier, bureau du directeur... mais ce
dernier était absent. Quand on est arrivés, un des deux techniciens occupés
à la réparation d'écrans et d'onduleurs posait un petit "clopet",
littéralement "les pieds sur son travail". L'autre est un Camerounais qui a
atterri à Bamako, expulsé de France en vrac avec d'autres sans papier, et
pris pour un malien par les autorités françaises!
J'ai passé une bonne partie de la soirée à boire le thé vert, sur la rue
devant la maison, avec un voisin et Daouda Togo, le gardien-jardinier de
Dominique. Malgré son nom, il est malien Dogon, la même ethnie que son
patron. Il parle assez mal le français. L'autre a appris "technicien du
pain" à Moscou (lui aussi!) et n'a actuellement pas d'emploi. Il raconte des
anecdotes pleine de neige et de vodka, c'est assez drôle!
Hier, j'ai fait plusieurs téléphones à des prospects potentiels. Rien de
bien folichon, mais dans l'après-midi je suis allé rendre visite à un type
intéressant: Wandey Ag Ahmed. À peine 30 ans, petit, teint clair, traits
fins, il est originaire de Tombouctou et a fait des études de logistique en
France. Après une activité de responsable dans plusieurs d'ONG où il s'est
occupé de logistique humanitaire (distribution de vivres, accueil de
réfugiés, etc.), il travaille comme "free lance" (indépendant).
Que fait-il? —Du conseil. —Dans quelle branche? —Aucune importance!
De l'informatique à la location de voitures, de l'importation de véhicules
aux pièces pour l'hydraulique, des chambres d'hôtes aux connexions
Internet... Ce qui n'est pas ordinaire, par contre, c'est qu'il parle de
qualité de services, de clients à satisfaire, de fiabilité de ses
partenaires, de fidélisation des clients. "Je m'pose la question: qu'est-ce
qui fait problème aux gens dans l'acquisition d'un objet?... et je m'occupe
de CE problème! Peu importe l'objet.", dit-il simplement.
Il conseille avant
vente, fait l'intermédiaire au moment de la vente et organise le suivi et la
maintenance après vente. Il est seul, mais il a appris à organiser, mettre
en relation, faire que ça marche, quoi!
Il me parle d'une organisation qui a acheté des LandRover dernier cri, où
tout est sous contrôle de l'ordinateur de bord: des véhicules sont
immobilisés en attendant une hypothétique réparation, personne ici n'ayant
acquis le matériel très sophistiqué de dépannage! "Ça, je ne veux pas!",
dit-il. "Avec moi les clients n'ont pas de problème. Ici, les gens ne
pensent qu'à l'affaire qu'ils sont en train de traiter, ils ne savent pas
prévoir." Ce discours est assez surprenant pour être souligné. Wandey n'est
certainement pas seul à penser et à agir de la sorte, mais c'est loin d'être
la règle.
Et mes ordinateurs de seconde main? —Pourquoi pas, s'ils répondent aux
critères de qualité et sont adaptés aux solutions recherchées!
Il va prospecter de son côté. Il souhaiterai que nous ayons un stock au
Mali, au moins dans la sous-région, pour diminuer le temps entre commande et
livraison. C'est pas le premier à me le demander, mais lui est un
spécialiste en logistique!
Autre chose: pour le gag,
la photo d'une pub Jallut
(fabrique de peinture
suisse,
pour ceux qui ne sauraient pas!). |
 |
------
Voilà. Tout de bon et à la prochaine!
Gilbert Cujean
--
... en voyage en Afrique [:-3)=
Date : 17 juin 2001 12:43:59 GMT+02:00
De : gc@deltalink.org
Objet : Notes de voyage 14 - Juin 2001 - Point G
À : info@deltalink.org
*** Ouagadougou, dimanche 17 juin 2001
Bonjour du Burkina,
J'ai "bougé", en effet, et je n'ai pas eu trop de temps pour mes notes ces
deux derniers jours. Alors retour à Bamako, vendredi, il y a 2 jours...
Première opération, après un appel téléphonique vérifiant sa présence à son
bureau: rencontrer Fassogoba Coulibaly pour qu'il rembourse la commission
que j'avais payée d'avance à son agence de voyage afin qu'on me réserve les
vols Cotonou-Bamako et Bamako-Ouagadougou. Le travail n'ayant pas été fait,
je demandais qu'on me rende mes 19'500 F CFA (CHF 45.-), c'est une question
de principe, mais pas dans les habitudes maliennes, d'après mon ami Guindo.
On avait vu Fassogoba au début de mon séjour à Bamako. Il devait enquêter et
rappeler: rien! J'ai essayer de l'atteindre 3 ou 4 fois: toujours absent! Dominique m'a répété qu'il ne rendra jamais cet argent. Et aujourd'hui,
c'est lui qui répond au téléphone, alors je lui dit que je viens chercher ce
qu'il me doit. "—OK, je suis au bureau jusqu'à midi", répond-il... et il
s'est exécuté!
Même s'il s'agit de la part de Fassogoba d'un calcul de rentabilité à plus
long terme, car il est intéressé à m'acheter des ordinateurs, le fait qu'il
ait reconnu et assumé sa responsabilité est incontestablement un bon point
pour lui et pour la réputation du Mali... Mais, le cas échéant, j'exigerai
tout de même le payement d'avance!
Le "Point G", vous connaissez?
Non, je n'ai pas viré au tourisme sexuel, même que je vous dis pas la beauté
des femmes d'ici! Il s'agit du nom du sommet de la colline qui domine Bamako
au nord, héritage, je pense, des cartes militaires coloniales. Dominique
voulait me montrer ce point de vue, alors départ!
D'abord un "Sotrama" jusqu'au stade de foot situé au pied de la petite
montagne. Là, une station de taxi qui ressemble à s'y méprendre à une
"démolition", sauf que toutes les voitures sont jaune et que la plupart
doivent encore rouler, contrairement aux apparences! La preuve: on s'entasse
à 10 dans un break 504 d'un autre âge. J'ai refusé de monter à l'arrière, en
fait dans le coffre où on a placé une banquette, parce que je touchait le
toit de la tête! Donc, les petits derrière (3 personnes), 4 dont ma pomme au
milieu sur la banquette arrière normale et 3 devant dont le chauffeur.
Remarquez qu'on a allégé le véhicule au maximum en enlevant tout capitonnage
excessif des portières. Ce n'est pas non plus les amortisseurs qui doivent
peser bien lourd: le roulis est assez fort sur la route en lacets. Le
pare-brise totalement étoilé, ce n'est pas rare, ici, mais c'est la première
fois que je vois une partie des gaz d'échappement sortir de dessous le
tableau de bord! Mais ça grimpe! Et une dizaine de minutes plus tard on
arrive au Point G. La jouissance, j'ai compris, c'est quand tu quittes la
chambre à gaz! ;-)
Il y a là un hôpital avec une partie de la faculté de médecine. C'est un
important centre de recherche sur le paludisme. Mais malgré la densité de
toubibs (j'ai pas dit "toubab" qui veut dire "le Blanc" en bambara!), il y a
des champs d'ordures et de sacs plastiques tout autour de l'hôpital.
 |
 |

On redescend à pied, à travers la falaise.
Très chouette balade.
On
surplombe Bamako qui s'étend jusqu'au limites de la visibilité, réduite par
la poussière et la pollution
(env. 10 km). |

En bas, il y a une forêt ombragée...
des fois on rêve! |
------
Vu le nombre de photos et comme je dois encore essayer la connexion ici à
Ouagadougou, je vais vous envoyer ce message et continuerai plus tard.
Bon dimanche pour les branchés à domicile!
Avec mes amitiés,
Gilbert Cujean
P.S.- J'ai une carte SIM dans mon mobile: +226/82 58 79.
--
... en voyage en Afrique [:-3)=
[N. B.– Suite à une erreur de «copier/coller», cette Note porte le n° 14, comme la précédente!/ndlr]
Date : 18 juin 2001 08:58:53 GMT+02:00
De : gc@deltalink.org
Objet : Notes de voyage 14 - Juin 2001 - Bogolans et Genèse (Les artistes bis)
À : info@deltalink.org
*** Ouagadougou, dimanche 17 juin 2001
Hello,
Tout marche, voilà la suite de mon histoire:
Toujours vendredi, toujours à Bamako, après le Point G et une bonne douche,
on est retourné chez Kandjoura Coulibaly, le créateur de costumes et de
bogolans. En sa compagnie, nous nous sommes rendus à Kora Film, la maison de
production cinématographique de Cheik Omar Sissoko. Ses bureaux et quelques
chambres d'hôtes sont opérationnels, mais le cinéaste investit depuis un
certain temps tous ses revenus, cachets ou prix, dans l'agrandissement et la
construction d'un centre pluri-culturel.
Une fois terminé, ce dernier comprendra une salle de cinéma, un
café-spectacle, une salle de répétition, un cyber-espace, une épicerie, une
boutique-exposition d'artisanat d'art et quelques chambres d'hôtes
supplémentaires. Le chantier en est au gros oeuvre et ça avance selon les
finances de Cheik Omar. Une française énergique collabore avec lui et
coordonne les activités de Kora Film: c'est Marie-O (pour Marie-Odile, sauf
erreur). Elle nous fait une visite commentée des lieux avec un enthousiasme
remarquable... et communicatif!
L'initiative est extraordinaire et mérite une publicité auquel je me réjouis
de contribuer par ces lignes.
Plus tard, après un nouvel excellent repas chez Kandjoura, nous nous sommes
rendus au Palais des Congrès de Bamako (rien que ça!) où avait lieu une
projection exceptionnelle de "La Genèse" de Cheik Omar Sissoko, à la
mémoire de Bala Moussa Keïta, un des principaux rôles du film et décédé il y
a environ deux mois. Le prix des places est à 5'000 F CFA (8 à 10 fois
l'entrée d'une séance ordinaire) et l'intégralité de la recette sera versée
à la famille du défunt.
Le Ministère de la Culture à offert le Palais des
Congrès, la régie publicitaire AMAP et la TV malienne ont passés des spots
gratuits sur la chaîne nationale et les bamakois ont répondu: il devait y
avoir 6 à 700 personnes dans la salle, le gratin de la capitale.
Habib "Guimba" Dembélé, le comédien malien connu jusqu'à Paris, dont j'ai
déjà parlé, en superbe boubou de fête, a dit quelques mots de Bala Moussa et
raconté quelques anecdotes. Puis ce fut la projection.
Le projectionniste ne maîtrisait pas très bien les changements de bobines et
le son n'était pas fameux (Cheik Omar était catastrophé), mais quel film!
Tourné près de Tombouktou, en décors naturels fantastiques, avec des
comédiens de grand talent dont Bala Moussa Keïta, Salif Keïta (le chanteur),
"Guimba" et bien d'autres. Les costumes et accessoires créés par Kandjoura
Coulibaly sont splendides, la mise en scène est très belle aussi, sans oublier le scénario, tiré des légendes ancestrales des peuples du Sahel qui
ont inspiré l'Ancien Testament comme le Coran: c'est bien de l'histoire de
Jacob, de ses fils et de leurs luttes fratricides impitoyables dont il
s'agit.
Le rythme est lent et les situations sont constamment chargées de symboles
qui échappent souvent aux références culturelles de l'Européens que je suis. À part ça, c'est vraiment un très beau film dédié par son auteur "aux
victimes des guerres fratricides" et "à ceux qui font la paix".
On a fini la soirée dans une de ces boîtes à danse qu'on rencontre dans
toute la sous-région: le Jardin Titanic. Le nom du transatlantique fait décidément un tabac en Afrique: à Cotonou j'avais déjà parlé d'un
établissement du même nom [Notes 02] Hasard? Où les gens d'ici ont-ils un
problème avec la glace?
Toujours est-il qu'à Bamako, l'orchestre est aussi formidable: chanteur,
chanteuse, 2 guitares, basse, batterie. À l'aise dans tous les genres, ils
ont une pêche d'enfer, surtout les deux voix, et ça bouge, croyez-moi! On
oublie la pause toutes les 20 minutes, c'est non-stop et ça dure jusqu'à 2
heures du mat!
Samedi matin: nouveau rendez-vous avec Kandjoura qui nous a amené dans le
modeste magasin où on vent ses bogolans (son atelier principal est dans une
autre ville: Ségou). Il y a des belles pièces et dans l'arrière boutique, je
découvre les oeuvres uniques: des tableaux exécutés avec la technique du
bogolan (peintures à base de colorants naturels, teintures et lavages, en
plusieurs passages). Hors de prix, bien sûr.
Puis, il est vite temps de boucler les valises et de se diriger sur
l'aéroport: ciao Dominique, merci pour l'accueil et les contacts, à bientôt
en Suisse, à une autre fois au Mali!
L'avion d'Air Burkina est un petit jet de 80 places. Heureusement qu'on
n'est qu'une quarantaine, car j'ai dû prendre ma mallette métallique en
cabine, en plus de mon sac à dos de 15 kg. On voulait me faire payer un
excédent de bagages (37,5 au lieu de 20). En retirant la mallette de 8 kg,
il n'y avait plus de problèmes! J'ai pas bien compris le calcul, mais voilà! Et comme ni un bagage, ni l'autre n'entre dans les minuscules casiers,
j'attache mon sac à dos sur le siège voisin et glisse la mallette sous celui
de devant et tout est OK.
Petit détail, je n'ai encore jamais vu autant de mouches dans un avion, mais
c'est sans importance!
On voit tout de suite qu'on n'est pas en Europe: les avions partent et
arrivent à l'heure! À 17h40 on pose à Ouagadougou: bonjour le Burkina Faso!
------
La suite au prochain numéro.
Bye,
Gilbert Cujean
--
... en voyage en Afrique [:-3)=
Date : 19 juin 2001 10:04:42 GMT+02:00
De : gc@deltalink.org
Objet : Notes de voyage 15 - Juin 2001 - Week-end...
À : info@deltalink.org
*** Ouagadougou, lundi 18 juin 2001
Bonjour,
On était resté à l'arrivée à Ouagadougou, samedi soir.
Le comité d'accueil
était là, bien sûr, avec Laetitia K[...] (jeune française résidente à
Ouaga, qui travaille en indépendante auprès d'une ONG avant l'ouverture
prévue d'une créperie —elle est bretonne!—), Djibril Koura (employé à la
Croix-Rouge burkinabè), Mahamady Rabo (actuellement sans emploi,
collaborateur occasionnel de DeltaLink ou personnel à Ouaga), Alima (petite
soeur de Mahamady), et Ahmed-Lamine Savadogo (enseignant, actuellement
étudiant à l'Ecole Nationale de l'Administration et de la Magistrature
—ENAM—). Chaleureuses retrouvailles!
J'ai pris mes quartiers au Riviera que je connais bien, à Larlé/Ouidi. J'ai
le bungalow "J"... auquel quelqu'un a ajouté "OY". Tout va bien.
Plus tard Laetitia est venue me prendre avec sa vieille Polo: poulet au
Neerwaya et fin de soirée au Zaka avec plusieurs musiciens dont un
chanteur-danseur-mime nigérian assez fou et plein d'humour (que j'avais
d'ailleurs déjà vu lors d'un voyage précédent).
Dimanche peinard avec l'essai d'Internet dont vous avez déjà bénéficié.
Comparé au Mali, ici c'est les autoroutes de l'information! ça va plus vite
que depuis notre petit chalet dans le Doubs. Félicitations aux responsables
des infrastructures du pays! Le Bénin pourrait en prendre de la graine...
Dans l'après-midi, il y avait le match de foot Burkina-Algérie à Ouaga, où
les Étalons burkinabè jouaient leur qualification à la Coupe Africaine des
Nations qui doit se dérouler en 2002 à Bamako. Les Fenecs algérien se sont
inclinés par 1 à 0, ce qui a provoqué la qualification des deux équipes,
l'Algérie étant déjà bonne avant le match. Il y avait de l'ambiance dans
tous les maquis où la radio ou la TV hurlaient à tout va. On comptait 35'000
spectateurs, d'après les médias: il devait faire chaud autour du Stade du 4
Août!
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Le boulot a repris aujourd'hui... je vous raconte demain!
Bye,
Gilbert Cujean
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... en voyage en Afrique [:-3)=
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