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Note concernant mes photos de l'année 2000.
De: Gilbert Cujean <cujean@fasonet.bf>
Objet: Burkina 2000 - Message 13
Date: 31 janvier 2000 20:15:26 GMT+01:00
À: Journal Burkina 2000 <gc@deltalink.org>
Pièces jointes 2, 85.8 Ko
*** Ouahigouya, dimanche 30 janvier 2000, 21 h 30
Chers correspondants du bout du monde,
J'ai passé la fin de mon samedi après-midi tranquille, à rédiger et envoyer
le message 12, et à me relaxer un peu... J'ai reçu la visite d'Amed-Lamine
Sawadogo, ancien stagiaire ESF. Un type que j'aime beaucoup et qui promet:
il a été admis dans une école supérieure de formation pédagogique. Fin de
journée dans la cour de l'hôtel, en regardant le match Burkina-Zambie de la
CAN 2000 (1-1). L'équipe du Burkina est assez nulle, mais l'ambiance pas du
tout! Et les commentaires, je vous explique pas...
Plus tard, Abdoulaye vient me chercher. Petit casse-croûte avant la
discothèque L'Amitié, la seule de Ouahigouya à ma connaissance. C'est la
"soirée des anciens", c'est à dire ceux de mon âge! Les "Tontons" et les
"Tantines" comme on les appelle ici sont sur leur 31 et dansent comme des
jeunes, mais sur des musiques allant de Johnny (oui, oui! mais heureusement
pas trop) aux succès africains des années 70 (!), en passant par des
fantastiques salsas ou musiques antillaises. Les looks sont d'enfer chez les
mecs et les femmes sont belles comme d'habitudes. La sono est à fond, mais
il y a moins de monde que quand la musique est plus moderne. Il faut aussi
dire qu'il fait frais comme une nuit d'été chez nous. Un chanteur burkinabè,
Amadou Baraqué, essaye de mettre de l'ambiance, mais il faut attendre minuit
pour que ça démarre vraiment. Le jeunes ont un peu boudé la soirée.
On retrouve quelques tête connues. On danse en groupe, en couple ou tout
seul, il n'y a pas de problème! J'ai aperçu deux autres blancs dans la
foule.
Sans faire les fous, on en a quand même jusqu'à 2 heures du mat... et on se
donne rendez-vous à 8 h 30!
...
Fidèle et ponctuel, Abdoulaye me trouve en fin de petit-déjeuner. Départ
pour ECLA. Je vous ai déjà parlé de Moussa Bologo que j'avais vu à Ouaga. On
se retrouve chez lui et je lui raconte rapidement l'histoire de Mouni et des
cadeaux. Je lui offre le mouton, pour la cantine communautaire des
handicapés, et lui demande son aide pour aller le chercher avec une voiture.
Il donne des ordres pour qu'on cherche un véhicule et son chauffeur. On
donne rendez-vous à Abdoulaye pour midi et Moussa m'emmène dans la voiture
qu'un "ami" lui a laissée pour quelques jours. On fait un petit kilomètre...
avant de tomber en panne sèche à 300 m de la station service. Moussa
m'explique ce que j'avais déjà compris, à savoir que son "ami" lui a prêté
sa voiture pour qu'il y mette de l'essence! Comme le phénomène est fréquent,
il s'exécute, mais à coup de 1 ou 2 litres: il faut pas le prendre pour un
imbécile! Mais cette fois c'était juste un peu trop peu! Bologo est connu,
il appelle un jeune qui va chercher pour 500 F CFA d'essence dans un bidon
(le litre est à près de 400 F CFA!). Le moteur repart, puis cale et
impossible de redémarrer. Moussa hèle un type qui passe au volant d'une BMW,
sa femme toute endimanchée à côté de lui: "C'est un mécano!". Ce dernier
ouvre la durit de la pompe à essence et aspire carrément: rien! Diagnostic
du pro: il faut mettre au moins 3 ou 4 litres pour que l'essence arrive!
Dix minutes plus tard le moteur démarre normalement, le mécano crache deux
ou trois fois et tout le monde reprend son occupation précédente...
On traverse le marché de fortune que les femmes ont organisé puisque
l'officiel est toujours fermé par le bras de fer commerçants-mairie. Pour
elles, le commerce a repris, il n'y a pas de problème! Les seuls vrais
perdants de l'opération sont donc les commerçants qui ne peuvent plus
travailler, leurs boutiques étant inaccessible, avec le matériel dedans.
Moussa m'emmène boire un café et manger un "coeur de France" à la
boulangerie tea-room Faso Beni. On parle de l'avenir.
*** Ouahigouya, lundi 31 janvier 2000, 18 h
Les idées de Moussa Bologo sont extraordinairement claires et je suis
absolument d'accord avec son discours. Il a été réellement convaincu par
notre petit projet de bibliothèque à 500'000 F CFA où tout le monde profite
mais où il n'y a pas d'enrichissement ou de gaspillage nuisible. "Ici, pour
un projet de 10'000'000, les contrôle sont faits par des types dont les
véhicules tous-terrains valent 20'000'000! C'est pas possible!"
En ce qui concerne l'informatique, les idées de Moussa sont précises:
1- A court terme, importer des ordinateurs d'occasion d'Europe, de Suisse,
si possible, vu la fiabilité du matériel de cette provenance, les
reconfigurer et les mettre en vente à bas prix. Il faut aussi assurer la
maintenance et un minimum de formation. C'est ce qui est en route à
Ouagadougou depuis deux mois. Charge à moi, de développer la récolte, le tri
et l'envoi, si possible dans une structure de réemploi de chômeurs en
Suisse! L'Afrique luttant contre la crise en Europe? Le clin d'oeil est là,
mais la proposition bien réelle et il a l'expérience des vélos qui donnent
quelques emplois en Suisse allemande. Des extensions internationales d'ECLA
sont en préparation au Mali et en Côte d'Ivoire, sauf erreur...
2- A moyen terme (2 ans), Moussa parle d'une école d'informatique de 100
élèves, d'une chaîne de Cybercafé à Ouagadougou et dans les principales
villes, d'un serveur Internet complet, etc. Il envisage même qu'ECLA
devienne fournisseur d'accès Internet à prix raisonnable, ce qui n'est pas
nécessairement idiot! Et le diable d'homme est capable de le faire, après
les ateliers de vélos, d'appareillage et de véhicules pour handicapés, la
création de cantine du coeur, une banque épargne-prêt pour les petits
moyens, des ateliers de formation de couture, etc. Toutes ces entreprises
ont une autonomie, créent des revenus et des emplois salariés (350 environ à
travers le pays!).
Par ailleurs, il doute fortement du succès des Mac neufs! A méditer...
A midi, de retour au siège d'ECLA il n'y a pas plus de chauffeur que de
véhicule... sauf une fourgonnette Citroën aux couleurs d'une boîte de
publicité multimédia. Qu'à cela ne tienne, Moussa me tend les clés en me
disant qu'il a un rendez-vous tout à l'heure!
La poubelle est un peu pourrie (pas de compteur, pas de rétroviseur, le
tableau de bord part un peu en morceaux) mais elle roule! Abdoulaye (qui n'a
pas le permis) prend place à côté et départ! On passe chercher 8 litres
d'essence à la station service. Ici on ne fait presque jamais le plein car
les chauffeurs ont tendance à siphonner pour arrondir leur salaire!
Au moment de repartir le démarreur refuse de fonctionner (d'après
l'extinction du tableau de bord, il y a même un court-circuit, à mon avis).
Le pompiste se marre et me dit qu'il connaît ce véhicule: ça arrive assez
souvent, il faut attendre un peu et insister. En effet, au dixième essai
c'est bon. Je m'arrête au Mini Marché du Nord prendre une seconde bouteille
d'eau: s'il faut loger à Mouni...
Cette fois, c'est parti. La grande voie, je connais: une dizaine de km.
Ensuite, c'est la piste, souvent plus étroite que le véhicule. On franchit
de nombreux "passages d'eau" à sec, bien entendu, mais avec du sable. La
bagnole se comporte formidablement bien et je me fais plaisir: hier le Dakar
moto, aujourd'hui voiture! Pour nous, c'est première, deuxième, entre 5 et
25 km/h, mais on n'a pas le camion d'assistance technique au fesses!
On arrive à Mouni. Mon mouton a été conduit en brousse pour paître, mais on
envoie un type à vélo le chercher. Le Chef coutumier nous reçoit et on
"discute" un moment. Abdoulaye lui explique que les photos d'hier sont
parvenues en Suisse et que Françoise Cujean le salue et le remercie. Il me
dit que je devrait m'établir au village et parle d'offrir un terrain à
Françoise (!!!), c'est en tous cas ce qu'Abdoulaye me traduit!
Le mouton arrive sur deux roues, on "demande la route" au Chef, on charge la
bête les quatre pattes attachées entre elles, et on repart... jusqu'à la
concession de la famille d'Abdoulaye, au bout du village où on s'arrête
quelques instants.
Trop pour la Citroën qui refuse de nouveau de démarrer! Après quelques
essais infructueux, on se fait pousser par quelques "petits frères"
d'Abdoulaye. Le sol est loin d'être plat et sans obstacles, mais le moteur
repart. Je renonce à m'arrêter en brousse pour une photo, car le ralenti
n'est pas très sûr et je vois mal Abdoulaye pousser en cas de panne!
Vers 14 heures on débarque le mouton chez Bologo.
On va se manger un très bon "Poulet du Chef" dans un nouveau petit bistrot
et je vais quand même me faire une petite sieste, une fois n'est pas
coutume.
En fin de journée, visite des enseignants d'ESF Burkina (Amado, Claudine,
Estelle, un nouveau et Abdoulaye). Puis c'est Patrice Zerbo qui nous
rejoint. Enseignant au Lycée Yadéga, il est responsable de la salle
informatique dont l'équipement vient de Belgique. L'Enseignement de Base se
retire et j'en profite pour bien discuter avec Patrice et lui montrer mon
Mac. On se fixe rendez-vous à 8 heures lundi matin pour la visite au Lycée.
Je rédige encore le début de ce message et me couche relativement tôt. J'ai
besoin de récupérer!
...
La suite au prochain numéro!
Bien amicalement,
Gilbert Cujean
--
... en séjour au Burkina Faso [:-3)=
<cujean@fasonet.bf> ou <delta.system@bluewin.ch>
Delta-System Sàrl, PO Box 77, CH-1312 Eclépens, Switzerland
Légendes des photos:
- La Citroën à Mouni.
- L'embarquement du mouton.
De: Gilbert Cujean <cujean@fasonet.bf>
Objet: Burkina 2000 - Message 14
Date: 2 février 2000 06:03:24 GMT+01:00
À: Journal Burkina 2000 <gc@deltalink.org>
Pièces jointes 4, 116 Ko
*** Ouahigouya, mardi 1er février 2000, 14 h
Bonjour à tous,
Tous les jours n'ont (heureusement!) pas une intensité d'émotion et une
densité d'aventure maximum. Ce lundi aura été relativement calme, je serai
donc (peut-être) enfin bref!
Le matin, Patrice Zerbo m'amène au Lycée Yadéga. Il s'agit d'une grande
école où il y a plus de 1600 élèves répartis en classes de 69 élèves en
moyenne (oui, vous avez bien lu!). On y passe le bac, système français.
Le proviseur est comme par hasard à Ouagadougou pour se renseigner sur les
possibilités de connexion à Internet. Il n'y a souvent pas besoin de faire
quelque chose pour agir, ici! Quelque fois la seule présence suffit à faire
bouger la situation...
L'Athénée Royal de Mons en Belgique et surtout mes
amis Jadot et Navez ont formé deux profs, collecté du matériel et,
semble-t-il, financé une connexion Internet qui met un certain temps à se
réaliser. On annonce mon arrivée (mais je n'y suis pour rien!) et le
proviseur saute à Ouaga, j'espère bien que ce n'est pas uniquement pour ça!
La salle d'informatique est l'ancienne infirmerie reconvertie. C'est vaste
et vide (pas d'armoire, les cartons et autres emballages sont vaguement
rangés par terre), mais l'essentiel est là:
- une table avec un poste multimédia (PC assez puissant, écran 17", scanner,
graveur de CD, imprimante couleur);
- une autre table avec 4 postes (des anciens IBM) et une imprimante
connectable aux ordinateurs par un "switch";
- tous les appareils sont équipés de bâches pour les protéger;
- la fenêtre et la porte sont équipées de vitres pour diminuer l'invasion de
la poussière;
- un climatiseur est installé, mais non opérationnel faute de puissance
électrique suffisante; un ventilateur sur pied brasse un peu l'immense
volume d'air.
On met les machines en marche. Seule bulle: un clavier IBM ne fonctionne
plus. Je suggère la mine d'occasions de ECLA. Tout est en place, je prends
quelques photos. Mes amis belges seront content!
Patrice me demande tout de même de me renseigner (puisque je connais le
ministre!) sur la possibilité qui serait offerte aux lycées de se connecter
directement sur le réseau de la DELGI. Ci-fait et par retour d'e-mail, M.
Tankoano me répond qu'il serait plus simple que les enseignants passent le
voir pour régler ce problème -et voilà!
Je regrette l'absence de mobilier de rangement, insiste sur la propreté,
demande que les manuels et autres modes d'emploi soient mis à disposition
des utilisateurs. La ligne de téléphone doit aussi être amenée jusqu'ici.
Patrice a profité de la grève des enseignants (qui a retardé d'environ 2 à 3
mois les programmes scolaires!) pour venir s'entraîner et compléter sa
formation. Quant à l'avenir, dans un premier temps, il y aura une formation
des maîtres, puis certaines options seront introduites pour les élèves.
...
Seconde partie de matinée, je reprend le problème des Naam et de leur
connexion Internet. J'ai configuré leur boîte aux lettres sur mon iBook et
j'ai pu constater que plus de 300 messages attendaient, au moins depuis mai
1999! Et je peux les lire, ce n'est donc pas l'Onatel qui a des problèmes.
A midi on en est toujours au même point quand Abdoulaye vient me chercher.
On se rend chez Moussa Bologo pour manger le pauvre mouton. Il y a aussi un
problème de messagerie chez ECLA, on en parle un peu et je fais la
connaissance de Sayouba Ouédraogo, technicien de maintenance indépendant et
que Moussa verrait bien partir à Ouaga pour ECLA, renforcer l'équipe de
l'informatique. Le problème ne sera finalement résolu qu'en début
d'après-midi, mais pour le moment on fait un saut à la fromagerie
expérimentale voisine, puis à la cantine d'ECLA.
On a perdu pas mal de temps et, mauvaise compréhension aidant, tout le monde
avait déjà mangé sans nous attendre... et c'est très bien comme ça! Il faut
dire que les Africains engloutissent souvent très vite leurs repas, la table
-quand il y en a une- n'étant pas un lieu particulièrement convivial. Ici,
la cantine a qui j'ai offert le mouton fait des repas pour tout un petit
monde, handicapés on non. Les prix sont modique et la cantine est une
activité commerciale et autonome comme une autre... Et il reste un gigot que
nous mangeons à quatre, Moussa, Sayouba, Abdoulaye et moi. Fameux!
Dans l'après-midi, le problème des Naam tient toujours.
Pour les spécialistes: la connexion est établie, le protocole PPP est engagé
normalement. Au moment où un logiciel (Outlook, Eudora, Navigator) veut
engager le dialogue de la couche TCP/IP, il ne parvient pas à obtenir du DNS
l'adresse IP des serveurs. Si quelqu'un a une idée? Mais vite, svp! Nous, on
abandonne (provisoirement?).
*** Ouahigouya, 1er février 2000, 19 h
On va boire un verre dans un bistrot où les moineaux sont remplacés par des
vautours (juste pour expliquer la photo!).
Et Sayouba m'emmène chez lui, dans le Secteur 10. Il habite une petite
maison de célibataire, où il a installé 3 PC. C'est sont atelier et lieu de
formation. Tout est parfaitement propre et sans poussière, je crois rêver,
mais c'est donc possible! Trois jeunes filles sont là pour leur formation de
bureautique.
Il est finalement plus de 18 h quand je rejoint le Colibri. A 19 heures je
demande à Abdoulaye qui est venu me rejoindre si il voulait bien m'accorder
une soirée EN SOLITAIRE. Je sais qu'à lui je peux expliquer que nous autres
Européens avons besoin d'être seuls de temps en temps pendant quelques
heures. Ici, c'est quasi inconcevable!
Je fais un peu de correspondance (électronique, bien sûr!) et je sors seul,
à pied, dans les larges avenues mal éclairées ou carrément noires qui mènent
au centre. A quelques centaines de mètres, je m'enfile dans un petit resto.
Le match Togo-Caméroun de la CAN 2000 vient de commencer à la télé. Je
commande quelques brochettes de boeuf (à 150 F CFA pièce = 40 centimes
suisses!!!) et des frites. C'est vraiment très bon d'être un peu seul.
*** Ouahigouya, 1er février 2000, 22 h 15
Aujourd'hui mardi, on a décidé avec Sayouba de régler le problème de la
FNGN. Il a pris un lecteur de CD à installer si nécessaire sur l'ordinateur.
A la bière de 11 heures, on est pas plus avancés. On a essayé diverses
possibilités en vain, revu pour la x-ième fois la configuration de A à Z...
cette fois il y en a marre! Je vais négocier la possibilité d'utiliser une
autre machine. Celle de la Cellule hydraulique est neuve et puissante, mais
est occupée jusqu'à 15 heures par des consultants étrangers. OK pour 15
heures!
Avant midi, j'ai encore le temps de voir Daniel Sawadogo, l'ingénieur
responsable du central téléphonique de Ouahigouya. C'est avec lui que j'ai
envoyé le premier message e-mail de cette ville, en juillet 1997.
Retrouvailles chaleureuses mais brèves, juste le temps d'échanger des
nouvelles... et de téléphoner à Jo, le technicien déplacé à Fada depuis
lors.
A 15 heures, je sors de ma chambre pour trouver Issaka, le vieux chauffeur
de la "bâchée" de la DPEBA. Il était là depuis un moment, mais n'avait pas
osé me déranger... On s'embrasse et il répond à mes questions par la seule
mauvaise nouvelle de mon séjour: il vient de perdre un fils de 20 ans, d'un
tétanos, il y a deux mois. La nouvelle m'attriste beaucoup et le pauvre
Issaka est émouvant de dignité devant la cruauté des faits. J'avais presque
oublié qu'on est en Afrique et la santé est un luxe pour beaucoup...
...
Chez les Naam, on configure la nouvelle machine et c'est bientôt le succès!
La première connexion dure 50 minutes, le temps de lire les quelques 337
messages en attente sur le serveur depuis mai 1999! J'en profite pour
avertir Clément Kayende qui appelle immédiatement Bernard Lédéa Ouédraogo.
Simultanément, on m'apprends que le Burkina mène contre l'Egypte par 2 à 0!
Je ne suis pas plutôt revenu à l'ordinateur que le score est réduit à 2-1. A
la fin du match, ce sera 4 à 2 pour l'Egypte...
Sur le bureau à côté du nouvel ordinateur, il y a... un iBook «myrtille»! Je
ne peux pas me tromper, le mien étant «mandarine». Il appartient à un
consultant étranger que je ne verrai pas, il est en réunion à l'extérieur.
Sayouba va s'occuper de la formation de la secrétaire, ces prochains jours,
et en tant que professionnel, donc rétribué. J'ai beaucoup insisté sur ce
point auprès de Clément. Le message doit avoir passé.
Le temps commence à presser. Je passe rendre visite au directeur de la
BICIA-B, Hassane Sana, à son domicile. Là aussi la retrouvaille est
chaleureuse, quoi que plus distante. On boit un café et il me ramène en
voiture au Colibri, après que j'aie testé avec succès le nouveau (et unique
à Ouahigouya) distributeur automatique de billets.
Il était temps, moins d'une demi-heure plus tard, Abdoulaye venait me
chercher. Il m'a remis des tonnes de courrier, nous avons été manger au
Caïman, et, comme prévu, je lui ai donné le dernier chèque pour la
bibliothèque de Mouni.
Abdoulaye partait se coucher quand sont arrivés Gaoussou Ouédraogo, prof de
philo au Lycée Yadéga, suivi de Patrice Zerbo. De nouveau du courrier, pour
la Belgique cette fois. Et on discute... philosophie.
...
On a rouvert le marché ce matin, mais je ne l'ai appris que ce soir. Les
prix de location des stands et boutiques ont été abaissé de 50% environ. Il
y avait donc bien lieu de se plaindre pour les commerçants, débat "politisé"
ou non.
...
Il était passé 22 heures quand j'ai repris le cours de mon récit... et
maintenant je vais aller me coucher car demain matin je me lève à 5 heures
(là, je dois étonner ceux qui me connaissent!). Et de toute façon, je vous
ai tout dit!
Allez, ciao!
Gilbert Cujean
--
... en séjour au Burkina Faso [:-3)=
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De: Gilbert Cujean <cujean@fasonet.bf>
Objet: Burkina 2000 - Message 15
Date: 3 février 2000 09:49:37 GMT+01:00
À: Journal Burkina 2000 <gc@deltalink.org>
Pièces jointes 2, 42.8 Ko
*** Ouagadougou, jeudi 3 février 2000, 9 h 45
Chers amis,
Départ de Ouahigouya, hier mercredi au petit jour. Le car de la STMB part à
6 h 45 précise. Abdoulaye est venu me chercher en mobylette. La femme de
Patrice Zerbo est aussi du voyage, avec son bébé de 3 mois et demi, son
vélo-moteur et plusieurs bagages! Poignées de main, accolades... klaxon et
c'est parti. J'ai juste le temps, à travers la vitre, de faire une photo
d'un des kiosque du PMU Burkinabè, incendié lors des manifestations.
Le car est énorme, moderne, presque neuf et nous ne sommes qu'une quinzaine
pour plus de 60 places... J'ai lu l'Indépendant, journal très critique
auquel appartenait Norbert Zongo, le journaliste assassiné il y a un peu
plus d'une année (très vraisemblablement sur les ordres de la Présidence).
J'ai somnolé, aussi. Il fait bon frais et la route est monotone.
Arrivée à Ouagadougou à 9 heures et quart, j'attends une bonne demi-heure
avant d'appeler Augustine, toute étonnée et qui allait venir me chercher à
10 h 30! Le message a pas très bien passé. Je prends un taxi pour faire les
500 mètres qui me séparent du bureau d'Afrika Link, bagages obligent.
La suite de la journée a été calme, j'ai raconté plusieurs fois mon séjour à
Ouahigouya et surtout mon passage à Mouni. J'ai commencé aussi à faire mes
bagages...
Le soir, nous avons été reçu, Augustine, Ousmane et moi chez Salam et
Michelle Kaboré. Superbe repas: salade avec des oeufs, poisson, poulet,
salade de fruits... exceptionnel! Michelle qui était souffrante va mieux.
...
Ce matin, bouclage des valises. Tout entre, mais difficilement quand même.
C'est bizarre, dans la mesure où il me semble que j'ai plus amené de choses
que je n'en remporte: je ne suis pas là pour acheter de l'exotisme, mais
j'ai tout de même trouvé quelques petits objets en bronze coulé, la
spécialité artisanale (et artistique) de Ouagadougou.
Tout à l'heure, j'ai eu un contact téléphonique avec Frank Musy (journaliste
et animateur à la Radio Suisse Romande, pour ceux qui ne le connaîtraient
pas). Il m'avait demandé de l'appeler pour avoir des nouvelles de Ouahigouya
et des événements du marché. Il collabore régulièrement avec "La Voix du
Paysan", la radio des Groupements Naam de Ouahigouya et était sur place il y
a peu. Je ne sais malheureusement pas grand-chose et surtout je n'ai pas
mené d'enquête ni systématisé les recoupements.
...
Je joins une photo de la fameuse route dont j'ai parlé dans un des premier
message. On est en ville, au bout de la piste de l'aéroport. Il y a un gros
camion 40 m devant nous et la photo est très fidèle. On ferme les fenêtres!
A droite, c'est Augustine.
Ce message est certainement le dernier qui vous parviendra du Burkina, mais
il se passera peut-être quelque chose à l'aéroport où durant le trajet...
A bientôt donc, j'ai préparé mon pull à col roulé, ma polaire, mes
chaussettes et une veste. J'espère que ça va suffire?
Gilbert Cujean
--
... en séjour au Burkina Faso [:-3)=
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Objet: Burkina 2000 - Message 16
Date: 5 février 2000 15:01:20 GMT+01:00
À: Journal Burkina 2000 <delta.system@freesurf.ch>
Pièces jointes 3, 35.5 Ko
*** Eclépens, samedi 5 février 2000, 10 h
Chers correspondants,
Ça y est, c'est (provisoirement) fini, je suis rentré en Suisse. Mais je
vous dois encore quelques lignes sur mes dernières heures au Burkina:
Depuis qu'on a évoqué la possibilité pour Afrika Link de devenir revendeur
agréé Apple, j'ai mis une condition impérative: avoir comme employé et si
possible comme associé un Burkinabè connaisseur du Macintosh. Je pense en
effet qu'il est assez facile de former un "maintenancier" à la technologie
des Mac; quelques jours d'entraînement et l'accès à la bonne documentation
fournie par Apple devraient faire l'affaire. Mais pour le côté vente, c'est
autre chose: il faut quelqu'un qui soit à l'aise avec MacOS, capable de
faire des démonstration et de convaincre les futurs clients. Ce personnage
clé devrait aussi faire la formation des utilisateurs et des autres
collaborateurs d'Afrika Link, ainsi que répondre aux questions et problème
des clients. Tout ça ne s'apprend pas en quelques cours, il faut une
expérience de quelques années...
Augustine m'a rapidement parlé d'un type qu'elle connait et qui travaille
chez Graphi-Service le principal revendeur de Mac à Ouagadougou: Faysal
Touré. Elle a essayé de l'appeler à son boulot où on lui a dit qu'un décès
l'avait rappelé pour quelques jours dans son village. Les jours suivants les
réponses étaient même encore plus vagues: il est absent, il a quitté
l'entreprise, etc. Augustine pense qu'ils ne passent pas les appels aux
employés par peur qu'on les débauche, ce qui fait monter un peu mes
inquiétudes quant au salaire qu'il faudrait offrir pour ça. Pour une
entreprise qui démarre ça pourrait être un peu lourd.
Mercredi, à mon retour de Ouahigouya, je décide d'appeler moi-même
Graphi-Service. Mon accent européen (pour ne pas dire plus!) déclenchera
peut-être une autre réaction. On me dit qu'il a quitté la boîte depuis
longtemps, qu'on ne sait pas où il est ni ses coordonnées. Dont acte, je
rentrerait en Suisse sans connaître un spécialiste du Mac. Charge à
Augustine de retrouver la trace de Faysal ou de dégotter quelqu'un
d'autre...
Or, à peine mon dernier message envoyé, jeudi matin vers 10 heures,
Augustine rentrait au bureau d'Afrika Link avec un type souriant, chemise
multicolore et souliers cirés (ici ça se remarque!). Elle fait les
présentations: Faysal Touré. Je crois d'abord à une plaisanterie, mais c'est
bien lui! Encore une coïncidence incroyable: Augustine était allée dans la
boutique voisine (développement de software et télécom) pour présenter ses
condoléances à une connaissance qui avant perdu une "petite soeur" (lire
"cousine") au village... et Faysal se trouvait là par hasard!
Mieux encore: il a effectivement quitté Graphi-Service, est actuellement
indépendant et a trop peu de boulot. De plus, il est intéressé par notre
projet et par une association. Augustine le reverra vendredi pour discuter
plus à fond.
...
Beaucoup plus tard, vers 19 h 45, je marche sur le tarmac en direction de
l'Airbus de Sabena. C'est trop tentant, je sors mon petit appareil numérique
et clic-clac, merci Kodak! De toute façon cet appareil n'est pas très
performant, n'a pas de flash et il fait nuit, on verra bien le résultat...
Le premier résultat, c'est que je me fais héler par un type de la sécurité
qui courre vers moi. Il est interdit de prendre des photos dans le périmètre
de l'aéroport. Je fais l'ignorant et m'excuse platement, protestant que ce
n'est indiqué nulle part. En fait je le savais mais n'avais jamais vérifié
que les surveillants réagissaient...
...
Dans l'avion, mon voisin est suisse (!). C'est même un haut fonctionnaire
des douanes helvétiques. Il a remplacé le directeur général à la réunion
biennale (sauf erreur) des directeurs des douanes des pays francophones qui
avait lieu cette année à Ouagadougou. Je ne vous dirait même pas ça si ce
type ne m'avait pas raconté son aventure de la nuit précédente:
Revenant d'une rapide visite au parc de Nazinga, une cinquantaine de
délégués à cette conférence rentraient de Pô à Ouagadougou jeudi vers 21
heures. Je connais cette route, elle est excellente et goudronnée. Le convoi
est formé de 2 motards de la police (ou de l'armée?), de 2 voitures et de 2
minibus. Mon voisin était assis sur la dernière banquette du premier
minibus. A un certain moment, un camion a semble-t-il refusé de laisser le
passage et en faisant un écart a fait chuter l'un des motards de l'escorte.
La première voiture a planté sur les frein, la seconde est aussi parvenue de
justesse à s'arrêter, mais le premier minibus l'a percutée et la projetée
contre la première. Et mon compagnon de voyage voyait sa dernière heure
arriver sous la forme du second minibus! Le convoi roulait certainement trop
vite pour des freins burkinabè: 120 km/h, vitesse imposée par les motards
pressés de terminer leur service (?). Au dernier moment le chauffeur du
dernier véhicule a pu éviter la collision en partant à droite dans la
savane. Il s'est immobilisé à cent mètres de la route, en n'ayant
miraculeusement rencontré aucun arbre sur sa course. Bilan final: quatre
blessés, aucun grièvement et cinq véhicules endommagés. On est en rase
campagne, il fait nuit noire et le sous-équipement en lampes de poche est
évident. Le téléphone mobile ne fonctionne pas à cet endroit... Les secours
finiront par arriver, mais mon voisin est encore tout retourné par ces
événements et je crois qu'il avait besoin de les raconter pour les exorciser
(Je connais ça, heureusement en moins dramatique!).
Pour ma part, je le félicite en tous les cas d'avoir pris le même avion que
moi ce soir: la même personne victime de deux accidents graves en deux
jours, c'est statistiquement quasi impossible... on ne risque donc rien
cette nuit, merci!
Petit détail supplémentaire, qui n'a rien à voir avec ce qui précède: mon
voisin a un billet qui a été payé 3'200.- francs suisses! De courte durée,
sans week-end (dimanche à jeudi) et peut-être acheté trop tard? Avec le mien
à 985.-, je ricole. Merci Nouvelle Planète!
...
L'avion part de Ouagadougou avant 21 heures, à moitié plein mais l'escale de
Bamako (Mali) le remplit: 278 passagers et 11 membres d'équipage. Pas moyen
de squatter 2 sièges pour dormir à l'aise.
On arrive un peu moulu à Bruxelles vers 6 heures et, par un autre vol, il
est finalement 9 heures quand je retrouve ma fille qui est venue me chercher
à Genève. Retour à la vie habituelle sur le plancher des vaches!
...
Je vous remercie d'avoir lu mon carnet de route durant ces dernières
semaines. Savoir qu'un certain nombre (un nombre certain?) de personnes
attendaient mes nouvelles était une motivation supplémentaire à la rédaction
de ces billets. Cette rédaction était d'ailleurs assez rapide et spontanée,
d'où un certain nombre de faute d'orthographe ou de frappe dont je vous prie
encore de m'excuser (quand on n'est pas doué...). Quant à ceux qui m'ont
encouragé par leurs commentaires ou de brèves réponses, ou qui ont engagé un
petit dialogue en aparté, je leur envoie un merci supplémentaire, car ils
ont illustré à merveille l'usage positif d'Internet qui peut contribuer à
tendre des liens amicaux à travers le Monde!
J'ai encore un petit service à vous demander: afin de contrôler ma liste
d'adresses, je saurai gré à tous ceux d'entre vous qui ont reçu ces messages
de m'envoyer un mot de quittance. J'ai en effet reçu presque chacun de mes
messages en retour, mais sans précision de quelle adresse posait problème.
Ceux qui ne me répondront pas seront impitoyablement rayés de la liste des
futurs envois! Que ceux qui en ont marre, ne répondent donc pas non plus!
;-)
Pour les autres, je ferai certainement appel à vous, suivant les
circonstances, au gré de mes futures aventures. Encore merci à vous!
Très amicalement,
Gilbert Cujean
--
... de retour du Burkina Faso [:-3)=
<cujean@fasonet.bf> ou <delta.system@bluewin.ch>
Delta-System Sàrl, PO Box 77, CH-1312 Eclépens, Switzerland
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