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De: Gilbert Cujean <cujean@fasonet.bf>
Objet: Burkina 2000 - Message 4
Date: 22 janvier 2000 20:40:43 GMT+01:00
*** Ouagadougou, bureau d'Africa Link, samedi 22 janvier 2000, 9h45
Chers amis correspondants,
La journée de vendredi a été riche en informations pour moi. Il y a eu 3
parties distinctes:
- le matin: business,
- l'après-midi: ECLA,
- le soir: loisirs.
Le matin, d'abord.
Le courrier électronique est, comme chaque jour, relativement abondant (5 ou
6 messages). La plupart viennent de vous et je vous en remercie. Aujourd'hui
il y a en plus la réponse du distributeur d'Apple pour l'Afrique à qui je
demandais ses prix et conditions. En fait, mon message a été redirigé vers
le responsable pour l'Afrique francophone et on m'avertit... qu'il sera à
Ouagadougou du 22 au 25 janvier et que je peux peut-être le contacter pour
un entretien (il logera au Sofitel, mais mes jeans ne sont pas trop
poussiéreux et Augustine a une Mercedes -avec un autocollant d'origine:
Cossonay!- ça peux s'arranger...) [;-)
En fin de matinée, j'accompagne Augustine et Mathieu chez des clients. Il
s'agit d'un projet d'hydraulique urbaine financé par le gouvernement danois.
Le chef de projet, un Burkinabè, était dans le même avion que moi, mardi
dernier. Il a aussi subi la différence de température, mais lui il est bien,
maintenant! La visite a trois buts: livrer une imprimante Epson à jet
d'encre, discuter avec le chef de projet et lui montrer mon iBook -c'est fou
ce que cette machine impressionne!-, et voir un problème de photocopieuse.
Ce dernier point est très significatif, voici quelques détails:
Le copieur (CANON NP 6028 - appel à ceux qui connaîtrait cette machine) est
un gros appareil avec une unité recto-verso automatique. Cette dernière
partie ne fonctionne pas, à mon avis parce qu'il manque une réglette au bord
de la vitre d'exposition et que l'original qui se déplace accroche la
rainure ainsi dégagée. Ce qui est sûr, par contre, c'est que celui qui a
installé l'appareil, et à qui on a posé la question à notre retour, n'a pas
trouvé la réglette en question dans les emballages... et ne l'a donc pas
posée, POINT FINAL! Nous avons trouvé cette pièce dans les cartons et le
type ira lundi la poser.
L'autre problème de cet appareil est que l'affichage et les manuels sont
entièrement en italien! Pourtant le distributeur est en France. Je flaire
l'arnaque, mais moi, j'aurais renvoyé les colis à l'expéditeur (et c'est
lourd!), ici on a accepté et le personnel du projet hydraulique fait avec et
un mois s'écoule. On a cherché avec Mathieu parmi les "menus" du copieur, la
fonction "langue", mais en vain. Canon ne fabrique tout de même pas des
copieurs spécialement pour l'Italie? On va essayer de trouver la solution
par Internet, HELP!
A 15 heures, j'avais rendez-vous avec Mahamady chez les Ganamé. On devait
faire la tournée en mobylette, mais Rado qui est aussi là nous propose la
fameuse Peugeot (elle a un peu changé de couleur, depuis 2 ans, et le
compteur est définitivement débranché "pour pas s'abîmer le moral!").
ECLA (Etre Comme Les Autres) est une organisation fondée et dirigée par
Moussa Bologo, à Ouahigouya. Ses buts sont multiples, mais le principe est
simple: il s'agit d'intégrer des handicapés par le travail et de réinsérer
dans la société des gens en difficultés en leur donnant la possibilité de
faire quelque chose. Cela paraît tout bête, mais si on ajoute que c'est fait
avec une dignité impressionnante, sans attendre l'aide étrangère, dans une
politique de solidarité, de protection de l'environnement et de
développement intelligente et pertinente... on est incontestablement en face
d'un cas. Je dois voir M. Bologo lors de mon prochain passage à Ouahigouya,
mais hier, j'étais invité à visiter leurs décentralisations à Ouagadougou:
- atelier "vélo",
- atelier "couture",
- atelier "recyclage d'ordinateur".
On a commencé par le troisième. Le système est simple: on profite d'une
relation en Europe (en l'occurrence, la commune de Chambéry/F qui est
jumelée avec Ouahigouya) qui va collecter des ordinateurs usagés mais en
état de marche. Un container est acheminé par Cotonou (Bénin) et arrive ici.
Les machines sont nettoyées, vérifiées, puis mises en vente entre 80'000 et
300'000 F CFA (CHF 200.- à 750.-). Il n'y a malheureusement que le système
d'exploitation (DOS/WIN 3.1 ou Windows 95, selon les modèles), car ils ne
veulent pas pirater Word ou Excel! Il faut pas rêver: les clients s'en
chargent, mais légalement ECLA est net.
Cette activité n'a été initiée qu'il y a deux mois et emploie déjà 5
personnes. Des cours de formation pour utilisateurs fonctionnent déjà, bref,
c'est extraordinaire.
*** Ouagadougou, terrasse des Ganamé, même date, 19 h
Leur problème principal, à l'heure actuelle, c'est les Mac! Ils en ont reçu
une bonne quantité, mais n'ont aucune connaissance pour les mettre en
valeur. La coïncidence est tout simplement incroyable: en tant qu'ancien
partenaire d'Apple, je possède toutes les informations dont ils ont besoin
et des relations dans le milieu Apple. Je vais voir M. Bologo lorsque je
serai à Ouahigouya dans quelques jours et régler les principes de notre
collaboration. Pour les gens d'ECLA-Ouagadougou, les liens sont déjà créés
et je passerai la semaine prochaine pour faire un peu l'inventaire et si
possible installer un poste de référence. Plus tard, en avril peut-être, on
devrait être capable d'organiser une formation sur Mac!
Sur un plan plus général et dans l'idée d'une association d'informaticiens
Nord-Sud, l'informaticien responsable de ce secteur d'ECLA est prêt à se
mouiller.
Puis nous avons faits quelques centaines de mètres pour nous retrouver à
l'Atelier-vélo et à l'Atelier-couture. Dans un cas comme dans l'autre il y a
des employés handicapés ou non qui travaille indifféremment aux mêmes
tâches. Et si le handicapé est moins performant (ce qui n'est pas du tout
avéré) cela ne pose aucun problème. De nouveau: pas de misérabilisme mais
une action sociale solidaire exemplaire.
En fin d'après-midi, on est allé boire une bière dans un "maquis" (c'est
comme ça qu'on appelle ici les centaines de petites buvettes des bords de
routes) avec Rado et Mahamady. Récupérer de ses émotions en regardant passer
les habitants des quartiers populaires, c'est indescriptible, mais ça fait
du bien. Ici les bières font 2/3 de litre, mais on les sent à peine passer!
On remet la capsule sur la bouteille entamée et on doit se battre pour que
les mouches nous laisse boire au verre!
Mais la soif c'est pas tout. On va manger au "Sindibal", petit resto que je
connaît déjà et qui est "le préféré de Jean-Philippe Rapp", l'animateur de
TV qu'a véhiculé Rado il y a quelques années. On mange pendant une panne de
courant extraordinairement longue: tout Ouaga dans le noir durant plus de 2
heures! Avant que l'électricité ne revienne, on a eu encore le temps d'aller
chercher l'amie de Rado et de nous rendre dans l'antre de ce dernier. Très
sympa, avec des photos du château de Chillon, du glacier des Diablerets, de
Paléo 1995, etc. L'album de Rado est une anthologie à lui tout seul.
La bonne humeur s'émousse un peu lorsqu'ensuite on se rend dans un
bar-dancing (c'est Rado qui a choisi, mais c'est pas de sa faute!) où
l'ambiance est nulle, où il ne se passe strictement rien, avec une ou deux
personnes (pas trois!) sur la piste de danse! Je vous rappelle qu'on est à
Ouagadougou...
En désespoir de cause, on ramène Mahamady à sa mobylette et Rado me pousse
chez les Sawadogo (Ousmane et Augustine) vers minuit. Dommage, la journée
avait si bien commencé!
Pour les infos générales, sachez que le soleil a été voilé une bonne partie
de la journée par des nuages élevés, mais rassurez-vous, il ne pleuvra pas
avant le mois de juillet! La température est toujours assez haute pour la
saison: entre 34 et 36 degrés le jour, 28 à 30 la nuit.
Voilà. Je crois que j'ai été très long, mais comme vous recevrez sûrement ce
message dimanche ou lundi à la reprise du boulot, vous aurez le temps de
lire et de vous évader...
Je me sens bien et j'espère très sincèrement qu'il en va de même pour vous.
Avec mes amitiés,
Gilbert Cujean
--
... en séjour au Burkina Faso [:-3)=
<cujean@fasonet.bf> ou <delta.system@bluewin.ch>
Delta-System Sàrl, PO Box 77, CH-1312 Eclépens, Switzerland
De: Gilbert Cujean <cujean@fasonet.bf>
Objet: Burkina 2000 - Message 5
Date: 23 janvier 2000 19:18:24 GMT+01:00
*** Ouagadougou, dimanche 23 janvier 2000, 9 h
Hello tout le monde,
Hier samedi, la journée a été calme. Le matin en me levant, j'ai rencontré
un cousin (?) d'Ousmane qui avait passé la nuit dans la maison. Il vient de
Koudougou où il est professeur de mathématiques dans un lycée (niveau bac).
J'accompagne ce dernier et Ousmane, pour quelques courses matinales et une
visite à un baptême musulman.
Il y a beaucoup de monde dans la cour de cette famille. Surtout des hommes,
assis sur des nattes ou des bancs, autour d'une grande marmite d'une boisson
faite d'eau et de farine (!). Des noix de cola sont distribuées aux invités
en signe de bienvenue et des jeunes disputent aux mouches l'accès à la
marmite pour offrir un bol de liquide à chacun. Rassurez-vous, je n'y ai pas
touché!
Les femmes sont regroupées dans un coin de la cour, avec les petits enfants.
La plupart sont voilées et on reconnaît les non musulmanes à l'absence de
voile. L'enfant baptisé, âgé de 7 jours, doit se trouver avec elles, mais
personnes ne s'intéresse à lui, ni aux femmes. Le père de l'enfant et la
hiérarchie mâle sont les seuls à recevoir félicitations et petits cadeaux.
Quand on est arrivé, la cérémonie était sur sa fin et nous ne nous attardons
pas.
Je rejoint le bureau d'Africa Link qui est ouvert, ce samedi matin, puis à
midi, je vais à pieds chez les Ganamé (c'est à 300 m). En cours d'après-midi, je vais au Grand Marché, avec Mireille, pour acheter
du tissu: je veux me faire faire deux chemises par l'atelier d'ECLA. Comme
d'habitude, l'agitation est totale dès qu'une peau un peu claire se pointe à
l'horizon. Mireille sait où elle va. On discute sur un stand où le
commerçant veut absolument nous escroquer. Il en sera pour ses frais, mais
nous harcèlera de manière de plus en plus désagréable jusqu'à notre sortie
du marché. Nous avons finalement acheté chez un autre, plus malin et qui a
compris très vite que Mireille vit à Ouaga et qu'elle est professionnelle de
la couture. On marchande, mais de manière correcte. Résultat final: 2
superbe double-pagne de bonne qualité Ivoirienne pour 15'000 F CFA (CHF
37.50). Le pagne est une surface de tissu de 1m80 par 1m12 de large. D'après
Karim qui connaît les prix de gros, l'affaire est correcte.
Ensuite, on s'est fait un plaisir d'Européens, avec Mireille: le super
marché! Climatisé, libanais, cher (?), bref, tout pour plaire. J'ai demandé
à Mireille de remplir un caddie de ce qui lui ferait plaisir. Elle vient
rarement dans ce magasin, bien trop cher pour son salaire burkinabè. Jus de
fruit, boîtes de thon, Nescafé, biscuits, bonbons, spaghettis, etc. et même
viande hachée pour la bolognaise. On a craqué, mais ça fait du bien!
On revient vite à la réalité à l'extérieur, avec l'achat des fruits et
légumes chez les femmes du marché. C'est encore plus animé mais nettement
moins violent qu'avec les marchands de tissu de tout à l'heures. Il faut
simplement écarter les bouquets de légumes qu'on nous brandit à 10 cm des
yeux!
Après les spaghettis bolo du soir (ouah!), on installe le vieux Mac de Karim
et je tente de le connecter à Internet. Ne sachant même pas qu'il était
parti avec son Mac, je ne suis pas équipé en logiciels assez anciens et pour
le moment je n'y parviens pas!
Mais Karim a rétablit l'abonnement complet du téléphone et c'est par son
poste que je vous ai envoyé le message précédent.
Je vous quitte... jusqu'à la prochaine fois!
Amicalement,
Gilbert Cujean
--
... en séjour au Burkina Faso [:-3)=
<cujean@fasonet.bf> ou <delta.system@bluewin.ch>
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De: Gilbert Cujean <cujean@fasonet.bf>
Objet: Burkina 2000 - Message 6
Date: 24 janvier 2000 13:14:21 GMT+01:00
*** Ouagadougou, lundi 24 janvier 2000, 10 h 30
Chers amis du froid,
Bonjour,
En général, je ne travaille pas le dimanche, mais il y a des exceptions.
Je vous ai déjà dit, je crois, que nous essayerions de rencontrer le
responsable pour l'Afrique Francophone du distributeur officiel de Apple
pour l'Afrique, le Moyen Orient et le Maghreb.
Il devait arriver samedi soir au Sofitel. Dimanche matin, après un petit
déjeuner sympa chez les Sawadogo, je sors pour téléphoner. Ousmane et
Augustine ont le téléphone, mais suite à une embrouille dans le payement, il
ne peuvent plus que recevoir des appels. Heureusement, il y a une échoppe
Télé Centre à 200 m. L'enseigne porte "Téléphone - Secrétariat - Frappe de
textes - Fax - Internet", mais à l'intérieur il y a deux cabines en bois, un
seul appareil de téléphone... et c'est tout! J'appelle donc le Sofitel où on
me dit que M. Alexis a quitté l'hôtel.
Essayé, pas pu? Voire!
De retour chez Augustine, elle est catégorique: s'il a changé d'hôtel, il
suffit de le chercher dans les autres de classe comparable, il ne sont pas
si nombreux. Nouvelle traversée de l'immense cour d'école qui sépare la
maison de la boutique Télécom et au second appel, je l'ai! Il a simplement
migré à l'Indépendance car il n'y avait pas d'eau au Sofitel!!! Rupture d'un
joint de conduite, en cours de réparation un samedi soir à 23 h, à
Ouagadougou? Si tu veux prendre une douche avant lundi (?), change d'hôtel!
M. Alexis est très cordial, s'excuse de n'avoir pas répondu à mon mail qu'il
a parfaitement reçu et on convient d'une entrevue pour 15 h 30. Il était 18 h 45 quand on prenait congé! Plus de 3 heures sous une
paillotte, à 30 m de la piscine, dans la cour de l'hôtel Indépendance: une
discussion très intéressante où j'ai appris énormément de choses. Je vous
passe les détails, mais globalement, il devrait être possible à Afrika Link
de devenir revendeur agréé de Apple au Burkina, et ceci pour un
investissement parfaitement raisonnable:
- un technicien compétent (à trouver et former, mais c'est possible)
- une structuration de l'entreprise Afrika Link (à transformer en Sàrl)
- un investissement en matériel de l'ordre de FF 40'000.-
- une organisation permettant le suivi du projet ("business plan", budget,
communications, etc.)
Reste à voir si la motivation est là, mais j'ai bon espoir!
Patrick Alexis est un homme jeune, d'origine indoue, très sympa et aimable.
Il a la "culture Apple", plus créativité/humour que boulot/galère! Il nous
offre quelques documents de base et une demi-confidence: les revendeurs
actuellement agréés ne travaillent pas suffisamment (une trentaine de Mac
vendus par année, c'est un scandale!). Augustine explique aussi que les
demandes d'offre publiées par les institutions demandent expressément des PC
"compatibles", ce qui ferme l'accès aux Macintosh. On décide illico de
demander une entrevue au Délégué Général à l'Informatique (DELGI) qui
réglemente tout ça. Il faut profiter de la présence de M. Alexis qui apporte
la caution de Apple! On verra lundi...
Je mange chez les Ganamé, et avec quelques difficultés j'arrive enfin à
connecter le vieux Macintosh Performa 630 de Karim sur Internet. J'ai dû
glaner les différentes pièces du puzzle logiciel sur deux CD que j'avais
avec moi. On ouvre une adresse chez Sunrise, et le tour est joué:
<baliata@freesurf.ch> (Baliata est -sauf erreur- le nom d'une colline à
Gorom-Gorom, d'où vient Karim.)
Sur la route du retour à la Cité des 1200 logements (où je loge), on
s'arrête pour boire un verre au Zaka. Pour ceux qui n'ont jamais été à
Ouagadougou, le Zaka est un bistrot-restaurant-bar incontournable: il y a
toujours des orchestres de qualité et on y mange bien. Les tables sont
regroupées sur de grands gradins entourant une sculpture monumentale de "La
femme et l'enfant". Sur scène, à notre arrivée, une équipe de musiciens
incroyables: un vieux à la guitare électrique (le chef), avec une allure de
vieil antillais avec un regard... plus rusé tu meurt; ä la batterie, un
jeune avec coiffure rasta, un autre à la basse, un "jembé" (tam-tam) et une
chanteuse plantureuse. On joue des airs européens des années 60, même une
valse, légèrement décalé, ça bouge fantastiquement et le look est impayable!
Le répertoire revient (heureusement!) à des choses plus sérieuses, de Ray
Charles (!) à la musique afro ou créole. Le vieux a remplacé la chanteuse,
un autre musicien apparaît, basse et batterie échange les rôles...
Karim rencontre un copain d'école qui est avec deux coopérantes canadiennes.
On s'installe à leur table. Devant l'enthousiasme de nos réactions, le vieux
dédie un morceau à notre table. Une des filles va lui porter 500 F CFA. Il a
un autocollant d'une équipe de base-ball de Montréal sur sa casquette!!!
Pourquoi n'est-on pas venu là vendredi soir!? C'est pas la première fois que
je viens au Zaka, mais chaque fois j'adore!
La musique cesse un peu avant minuit. On est dimanche et les gens se lèvent
tôt demain. Les canadiennes voudraient aller danser, mais il n'y a plus rien
d'ouvert (sauf peut-être des endroits risqués).
Juste avant de nous quitter, j'apprends que le copain de Karim, pendant ses
études (pour un mémoire, ou quelque chose comme ça), a passé ses nuits à
pêcher des poissons, les marquer, les relâcher, les repêcher, noter les
informations et ainsi de suite, pour étudier leur migration. J'en sais pas
plus, tellement on a ri! Ceux qui connaissent Karim et ses amis auront
compris, je ne peux pas tout expliquer...
Le dimanche est terminé. Bonne nuit à tous.
Avec mes amitiés,
Gilbert Cujean
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Objet: Burkina 2000 - Message 7
Date: 25 janvier 2000 07:52:59 GMT+01:00
*** Ouagadougou, lundi 24 janvier 2000, 22 h
Bonsoir à tous,
Je prends le frais (aujourd'hui il fait quelques degrés de moins qu'hier,
mais on est pas près de prendre froid!) sur la terrasse des Sawadogo. La TV
est restée allumée après le match Algérie-RDC de la CAN 2000. Il y a une
émission culinaire absolument nulle. Chez nous, la TV est rarement
intéressante, mais au moins on essaye de garder le spectateur éveillé. Ici,
ça ressemble un peu à la récitation sous le sapin de Noël (sauf que les
boules sont pendues aux oreilles des présentatrices), avec deux nénettes mal
à l'aise qui préparent un frichti quelconque, même pas appétissant. Trente
secondes sans parler ne leur font pas peur, le décor fait assez cuisine
formica des années 50 et la caméra est quasi fixe. Bonjour le spectacle, et
pas moyen de zapper, il y a qu'une chaîne!
Heureusement, ça vient de changer: chanteuses traditionnelles qui bougent
bien, jembés, balaphon, etc. Nettement plus supportable.
Flash-back.
Ce matin, au feu rouge, j'ai acheté "L'Observateur", journal de quelques
pages petit format, comme tous ceux d'ici. 150 F CFA (moins de 40 centimes).
A l'intérieur il y avait une page consacrée à un appel d'offre officiel pour
l'équipement informatique d'une administration publique: une trentaine
d'ordinateurs avec accessoires. On a été consulter le cahier des charges à
l'INERA (Institut National de l'Ecologie et de la Recherche Agricole). Il
s'agit d'un volumineux document de près de 70 pages dont j'ai acheté une
copie (30'000 F CFA = CHF 75.-). Et ce qu'Augustine prévoyait était exact:
le matériel était défini comme des Pentium III à 450 MHz, etc., c'est-à-dire
sans ouverture à d'autres types d'ordinateurs.
Je suis donc motivé pour prendre rendez-vous avec le directeur de la DELGI
(voir message d'hier) qui téléguide ce genre de cahier de charges où on se
contente de recopier en la mettant vaguement à jour, l'édition précédente.
Nous aimerions lui demander de parler de fonctionnalités, à charge des
soumissionnaires de trouver le matériel le plus adapté.
En deux coup de fil, j'ai un rendez-vous pour demain à midi.
Je vais manger chez Karim et Mireille qui me fait une salade et des allocos
(bananes plantains). J'échappe au "tô" mais je prends de la sauce avec
beaucoup de cartilage et un peu de viande. Pour ceux qui ne connaîtrait pas,
le "tô" est une sorte de polenta de mil, blanche et sans goût. Son principal
usage est de permettre de manger la sauce avec les doigts ou une fourchette!
Le moins qu'on puisse dire c'est que c'est pas gastro...
Avant le repas, j'ai profité du nouvel abonnement téléphonique des Ganamé
pour appeler Ouahigouya:
- Abdoulaye Ouédraogo, responsable des ressources humaines à la DPEBA
(Direction Provinciale de l'Enseignement de Base et de l'Alphabétisation)
viendra m'accueillir au car, vendredi. Il a bien reçu mon fax (envoyé de
Suisse) et a spontanément été vérifier ma réservation d'hôtel. Tout est ok.
Samedi on ira à Mouni, voir la bibliothèque scolaire que Françoise et moi
soutenons.
- Clément Kayende, responsable administratif de la FNGN (Fédération
Nationale des Groupements Naam) était content de m'entendre. Je passerai
vendredi après-midi pour évaluer la "panne Internet" qui dure depuis une
année environ. Je devrais aussi voir Bernard Lédéa Ouédraogo, président
fondateur de la FNGN et maire de Ouahigouya.
- Moussa Bologo, directeur et fondateur d'ECLA, est à Ouagadougou. Je
l'appellerai donc à son retour, mercredi.
A 15 heures, Mireille me conduit à l'atelier de couture d'ECLA qu'elle ne
connaissait pas. J'y porte les pagnes achetés l'autre jour et une chemise
pour qu'on m'en fasse deux copies. Ça sera prêt jeudi après-midi.
Augustine rejoint Afrika Link peu avant la "descente" (c'est comme ça qu'on
appelle ici le retour chez soi à la fin du travail). Une manivelle pour
manipuler les vitres de la Mercedes est restée dans les mains de Mathieu
lors du dernier trajet. J'ai bien fait de prendre mon "outil universel de
poche américain"!
Il est 23 heures, les Sawadogo dorment déjà. Une bonne douche et je vais en
faire autant. Merci pour votre attention.
Amicalement,
Gilbert Cujean
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Objet: Burkina 2000 - Message 8
Date: 26 janvier 2000 20:31:28 GMT+01:00
*** Ouagadougou, mercredi 26 janvier 2000, 17 h 30
Chers amis,
Mardi matin, la journée a démarré bizarrement: j'ai été réveillé à 4h30 par
le mégaphone d'une mosquée et je me suis rendormis jusqu'au son du réveil.
En fait, il s'agit de mon agenda électronique que je programme pour ça à
6h10. Je me lève, empoigne ma montre, mon linge, etc. et me pointe à la
douche. Là, je vois qu'il n'est que 5h45. Je prends donc mon temps et de
retour dans ma chambre, je met un peu d'ordre dans mes affaires. J'ai mal
réglé l'agenda, c'est clair... jusqu'à ce qu'on frappe à ma porte: il est
6h45, l'heure de "bouger"! C'est donc ma montre qui retarde, la pile a vécu.
Quoi que depuis que je la porte à nouveau elle fonctionne bien.
Plus tard, j'ai installé mon unité de disquettes Zip 250 MB sur un
ordinateur d'Afrika Link, avec Mathieu Nabi. Comme il s'agit d'une interface
USB, on a d'abord choisi un des deux ordinateurs (sur trois) qui en sont
équipé. Manque de pot (et d'habitude de Windows), c'était pas le bon:
Windows 95 ne supporte pas cette interface! Avec le troisième poste et
Windows 98, ça a marché très vite. Mathieu a profité de copier les vieux
logiciels Internet que j'avais amené.
A midi, on avait rendez-vous avec le Délégué Général à l'Informatique du
Burkina Faso. M. Joachim Tankoano est un brillant professeur d'université,
formé sauf erreur au Canada et qui dirige en fait toute l'informatique qui
dépend du gouvernement. Il fonctionne aussi comme conseiller des Nations
Unies (PNUD) et d'autres ONG...
On passe prendre Patrick Alexis à l'hôtel Indépendance et on arrive (avec
moins de 15 minutes de retard, un record) au secrétariat de la DELGI.
Nous sommes introduits, dans un très grand bureau où M. Tankoano nous
accueille. On s'installe sur des canapés de cuir confortables, et j'explique
la raison de notre visite: notre projet de promotion Apple, les cahiers de
charges systématiquement orientés PC, notre demande d'ouverture...
M. Tankoano est assez crispé. Il est en face de trois personnes et c'est un
petit intellectuel (en taille!), la soixantaine, qui se cramponne à son
téléphone mobile. Son discours n'est pas original: homogénéité du parc,
incompatibilité des Mac avec les PC (ce qui est faux), habitudes des
utilisateurs, etc. Alexis appuie mes paroles avec les arguments de
l'officialité du constructeur.
A un certain moment, tout de même un peu excédé par les propos de notre
hôte, j'ai sorti mon iBook et lancé l'émulateur de PC avec Windows 98. Tout
de même interloqué, mais maîtrisant bien paroles et émotions, M. Tankoano
c'est un peu détendu. Il a parlé de manière plus générale, plus aimable, et
a posé son portable sur l'accoudoir du canapé.
Le stade suivant de la discussion a été finalement extraordinaire: il nous a
expliqué que des Mac, il y en avait, mais pour des fonctions pointues comme
la réalité virtuelle ou la PAO. C'est à nous de convaincre les futurs
utilisateurs (oui, bien sûr!), avant qu'ils émettent leurs cahiers de
charges (là c'est plus dur!). Mieux, il nous a avoué qu'il avait acheté un
Mac il y a longtemps, pour préparer sa thèse... et qu'il était bien ennuyé
de ne plus pouvoir accéder à ces informations dont il n'avait plus qu'une
copie sur papier. Il nous retrouve même les disquettes d'époque (qui étaient
soigneusement rangée dans une bibliothèque vitrée).
Alors là: le grand jeu! Alexis à un lecteur de disquette pour son PowerBook
G3 et un câble Ethernet. En quelques minutes, il me transmet le contenu de
la première disquette et j'ouvre avec AppleWorks la thèse de M. Tankoano sur
mon iBook: des textes, mais aussi des organigrammes et des schémas!
Décision à vite été prise d'en rester là (il était passé 13 heures). Il va
essayer tout seul de lire ses disquettes sur le Mac qu'ils ont pour la
réalité virtuelle, et s'il a des difficultés, il fera appel à moi.
On se salue après un échange de cartes qu'on a oublié de faire au début,
selon les usages (avec Apple on renouvelle souvent les normes!). Il nous
fait sortir par SA porte privée et non pas par le secrétariat: d'une
certaine manière la glace est rompue [quoi que par cette chaleur...]! Nous
nous quittons à l'extérieur ou l'attend une voiture avec chauffeur...
Augustine n'a quasiment pas pipé le mot (mais c'était prévu). On n'a rien
obtenu de concret, mais il ne faut pas rêver: au premier entretien, on place
des pions, on ne fait pas un mat!
Augustine fonce chercher son mari pendant que Patrick Alexis et moi allons
nous rafraîchir et manger un Châteaubrilland (pas tout-à-fait comme à Paris,
mais succulent!) au restaurant climatisé de l'Indépendance.
Alexis viens de Pondicherry en Inde du sud-est, dans le Tamil Nadou. Il a
fait ses études en France où il est établi. Nous nous racontons nos parcours
respectifs, le mien étant plus long que le sien vu mon âge. Ce type est
certainement sur d'autres marques que moi, mais le courant passe bien et
nous finissons le café quand Augustine repasse me prendre à 15 heures.
...
Beaucoup plus tard, dans la soirée, j'ai invité les Ganamé (Karim et
Mireille), les Sawadogo (Ousmane et Augustine) et les Kaboré (Salam et
Michelle) à souper à "La Forêt". C'est un resto sympa, où on mange assez
bien et surtout où on peut être un petit groupe sans déranger ou être
dérangé. Salam arrive seul, Michelle ayant quelques petits problèmes de
nausées (elle est enceinte de 7 mois et il fait assez chaud pour la
saison!). En attendant les Sawadogo, on parle de ma journée, et Salam
m'apprend tout bêtement que le Délégué Général à l'Informatique a le rang de
ministre! A posteriori, ça fait drôle. Moi qui croyais avoir eu un entretien
avec un chef de service, important soit, mais pas à ce point! C'est le
premier ministre en exercice à qui je parle (Salam lui-même étant ancien
Ministre de la Santé puis des Sports, à l'époque de Thomas Sankara). Si
j'avais su ça avant, peut-être que nous n'aurions pas été aussi relax...
Amitiés à tous,
Gilbert Cujean
--
... en séjour au Burkina Faso [:-3)=
<cujean@fasonet.bf> ou <delta.system@bluewin.ch>
Delta-System Sàrl, PO Box 77, CH-1312 Eclépens, Switzerland
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