Fada N'Gourma Niamey: 300 km
Dimanche 18 mai 2003
Fada NGourma est une ville de province au Burkina
Faso, à 215 km de la capitale. Cest 3 heures et demie de voyage,
mais il y a du temps perdu au départ, par les contrôles de gendarmerie
et autres péages. Je suis arrivé à Fada vendredi soir, à
21h30. La dernière demi heure et l'arrivée se sont faites sous une
pluie battante, la tempête et les éclairs. Absolument fantastique.
Les orages africains tropicaux sont d'une violence qu'on a de la peine à
imaginer en Europe. On se croirait dans une manif réprimée au canon
à eau! Par chance, notre car était récent, avec des vitres
aux fenêtres et on pouvait même les fermer!
Javais
un ami à voir et quelques contacts à établir et dimanche,
je repartais pour Niamey, au Niger, à 300 km, où j'avais rendez-vous
avec un correspondant... avant 22 heures.
Cétait le programme et il a été tenu. Voici l'histoire.
Dabord,
bien à lavance, un contact avec mon correspondant à Niamey
ma fait opter pour une compagnie nigérienne, ce qui évite
un changement de car aléatoire à la frontière. À Ouaga,
je m'étais rendu à la base de la Société Nigérienne
de Transport de Voyageurs (SNTV), qui se trouvait par chance dans le même
quartier que lhôtel Riviera où je logeais. Là, jai
appris que les réservations se prenaient uniquement la veille des départs
et uniquement pour le trajet complet Ouagadougou-Niamey. Ils ne prennent pas de
voyageurs en route, mais on est en Afrique et la négociation est toujours
possible. Jai donc enregistré la suggestion de la réceptionniste
et surtout, nous avons échangé nos prénoms (cest plus
facile que les noms, ici) et jai pris le numéro de téléphone
de la station.
Une fois à Fada, il ne me restait plus quà
appliquer la recette: me rendre le samedi, «vers 13 heures moinsss...»
comme a dit Alima, au poste de contrôle de gendarmerie à lentrée
de la ville côté Niger, et attendre là le car qui vient de
Niamey. Le chauffeur sarrête pour faire viser les papiers et les passagers
descendent pour se restaurer auprès de quelques marchandes de galettes...
Daprès les gendarmes et un habitant du bord de route en blouse bleue,
peu précis mais très serviable, le car passe entre 11 heures et
plus tard. Mais est-ce quil y a un car aujourdhui, et dans quel sens
roule-t-il? Ça, je sais: samedi cest Niamey-Ouaga, dimanche cest
Ouaga-Niamey. «Mais la route a été coupée par lorage,
entre Ouaga et Fada...» Ah bon! Je suis venu hier avec la STMB et on a passé
(par des déviations un peu scabreuses, cest un fait). «Alors
il faut attendre!»
Ci-dessus à gauche: |
Mes valises trouvent place sur le toit
du car. |
Ci-dessus à droite: |
Au Burkina, les routes principales sont
souvent bien goudronnée et les nids de poules sont rares. Le
car fonce à 90 km/h environ. |
Ci-dessous à gauche: |
Il fait chaud. Le car a aussi soif que
les passagers! |
Ci-dessous à droite: |
Lieu de prières de fortune, marqué
par des cailloux, au poste frontière burkinabè. Quelques
passagers en profitent pour faire leur devoir. |
Légendes des photos:
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On
a attendu. Il était 10h30. Mon ami Jo est allé cherché des
bières au premier maquis à lentrée de Fada, à
2 km en mobilette. Ce nest quà 13h30 que le car sest
pointé. Il a fallut tout expliquer au chauffeur qui finalement a accepté
après un appel téléphonique à Ouaga de
prendre mes 10000 F CFA et deffectuer la réservation pour le
lendemain...
À
6h30, dimanche matin, jappelais Alima à Ouaga: la réservation
était faite, «il ny a pas de problème». Restait
lheure de passage du car à Fada. Toutes les indications convergeaient
entre 10h30 et 13h, sans plus de certitude. Alors on a amené les bagages
au poste de contrôle à 10h30, sous la responsabilité du type
à la blouse bleue, puis, libérant le véhicule, on est allé
en mobilette attendre au maquis. Deux grandes bières après, le car
navait toujours pas passé. Vers midi moins un quart on a repris lattente
vers les bagages... et à 12 heures pile le car sarrêtait devant
nous.
Le chauffeur nigérien, le même quhier
dans lautre sens, mavait pris la meilleure place, au premier rang,
où on peut poser les pieds sur le moteur (pas pour les réchauffer!).
On me charge mes valises sur le toit et à midi et demi on largue les amarres
(et les amis!). La frontière est à 170 km, Niamey à 300.
 La
route est bonne du côté burkinabè et on est rapidement à
Kantchari (14h45, 20 km de la frontière, contrôle de police et tampon
de sortie). On passe au Niger à 15h15. Changement brutal: non seulement
il est dun coup 16h15, ce qui ne nous rajeunit pas, mais le «goudron»
impeccable fait place à une route en très mauvais état, alternant
piste en terre type tôle ondulée et étranges petits tronçons
dune centaine de mètres bitumés mais parsemés de nids
de poules incroyables. Pour ceux qui connaissent les transports africains, je
dirai simplement que le chauffeur passe certains de ces nids de poules au pas,
en première! C'est tout dire, alors que les trous jusquà 15
cm environ sont allègrement franchis à 40 ou 50 km/h. Le bruit et
les vibrations sont impressionnants: je ne pensais pas que le matériel
roulant soit aussi solide!
À quelques km de là, cest la douane
nigérienne. On sarrête plus dune heure cette fois, car
tous les bagages sont descendus du toit et le douanier en examine quelques uns.
Un militaire (ou un policier?) qui a collecté les papiers didentités,
revient et minvite à le suivre auprès du chef de poste. «De
quel pays êtes-vous ambassadeur?» me dit celui-ci après mavoir
fait asseoir et alors quil tient mon passeport en main. Je reste interloqué,
ce nest pas une plaisanterie, pour une raison que je nai pas comprise,
on lui avait signalé un personnage important... Il est plus de 17h30 quand
le périple reprend. Il reste à peu près 110 km.
Ci-dessus à gauche: |
Chargement typique d'un des nombreux
«taxi-brousse» surchargés que l'on rattrape. Il y
a presque autant de monde à l'intérieur que de colis sur
le toit! |
Ci-dessus à droite: |
La douane nigérienne fait descendre
tous les bagages. |
Ci-dessous à droite: |
Les bouchers viennent vendre leurs produits
aux voyageurs lors d'un arrêt du car. |
Ci-dessous à gauche: |
Le chauffeur arrose la jante qui vaporise
immédiatement l'eau. On va faire encore plus de 50 km. |
Légendes des photos:
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Létat
de la route ne saméliore pas vraiment, le paysage est monotone et
sans intérêt, on croise ou on devance des véhicules lourdement
chargés: visibilité quasi nulle durant une centaine de mètres
à cause du nuage de poussière! Il fait très chaud dans ce
car climatisé [participe (très) passé du verbe climatiser!].
Le climatiseur, lui, ne fonctionne bien sûr plus depuis belle lurette et
les fenêtres ne souvrent quun peu! Mais même dans cette
fournaise, jai entendu une femme se plaindre des courants dair!
On sarrête une ou deux fois pour dautres
contrôles. La douane volante fait descendre quelques bagages du toit dans
un petit village. Là, au moment de repartir, le chauffeur constate que
la roue avant droite est très chaude (problème de frein?). En fait
quand il jette de leau sur le moyeu, celle-ci bout et part immédiatement
en vapeur. Inquiétant? Pas vraiment pour ces gens qui en ont vu dautres.
Laide
chauffeur se glisse sous le véhicule avec quelques clés plates,
tripote quelque chose et on repart. Au puits, à la sortie du village, laide
remplit 2 bidons deau: «On sarrêtera de temps en temps
pour mouiller la roue, je veux pas quelle méclate le pneu»
dit le chauffeur...
Les derniers 50 km me font un peu souci, surtout quil
fait déjà nuit noire. Vers 20 h, nous vivons un incident bizarre:
suite à une déviation manquée (la route est en chantier sur
près de 100 km et les déviations par des pistes dans la brousse
sont très nombreuses et signalée quau dernier moment), le
chauffeur doit faire marche arrière et quelque chose a dû bloquer.
Toujours est-il que voilà le chauffeur et son aide qui arrêtent les
rares véhicules à la recherche dun mystérieux outil.
Encore un plongeon sous le car et cest parti pour le dernier bout de piste.
Je n'ai pas pris de photos à causes des superstitions liées au flash...
Il est passé 21 heures quand on me rend mes
bagages, à destination. Objectif atteint.
Sanoussi Mayana dont je reparlerai est là pour maccueillir comme
prévu.
Deux collaborateurs dun de nos clients à Niamey sont aussi là.
Et eux attendent depuis 17 heures...
[Niamey, 20.5.2003]
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