Texte écrit le jour-même ou les suivants, photos du jour, page publiée de Cotonou, le 6 octobre 2013
Dimanche 29 septembre 2013 (Croisement mystérieux)
Aujourd'hui, on est au large de la Guinée (Conakry) et pour la première fois depuis notre départ, le cap s'infléchit vers l'Est. Le bateau est toujours à l'heure «anglaise» d'été, soit une heure en avance sur le Temps Universel. Ça fait que le matin, il est dur de se lever à 7h30 alors que le jour est juste en train de poindre. Le soir, le soleil se couche à 20h. Rien que de très normal à cette saison et surtout sous ces latitudes, la surprise vient de ce qu'il fait chaud alors qu'on est sur un bout flottant d'Europe, et dans notre tête pas encore en Afrique!
Le temps est couvert avec peu de vent et la pluie menace. Peu après midi, un orage éclate, assez violent, avec grosse pluie, éclairs et coups de vent. On est bien à l'abri dans notre hôtel flottant où on a une grande impression de sécurité.
L'orage n'a pas duré, mais la pluie a mis une bonne partie de l'après-midi pour s'arrêter.
Vers 15h30, je suis allé dans le poste de commandement. C'était l'officier en 3e qui était de quart. Un Roumain très sympathique avec lequel nous avons déjà eu quelques conversations.
Le cargo repéré au radar est presque sur la trajectoire...
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... alors qu'on le voit à peine à l'oeil nu (entre les deux essuie-glace).
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Trois quart d'heure plus tard...
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... on passe à proximité, presque à 2 km.
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Le »Voyager» a un air bien énigmatique, immobile en plein océan... |
Je suis juste arrivé au moment où le radar venait de repérer un cargo, à une douzaine de miles (22 km) droit devant, dont la particularité était d'être «Out of Command», c'est à dire hors de contrôle, à la dérive. La distance de sécurité de 1 mile n'étant pas assurée lors du croisement prévu dans 40 minutes, il s'agissait de corriger un peu notre trajectoire en changeant légèrement de cap (d'abord 1° puis encore 1°). Les instruments de bord donnent des informations précises sur la situation et l'officier en service m'en explique un certain nombre. Très intéressant...
On est tout de même à plus de 150 km de la côte et ce cargo —vraisemblablement un tanker—, moteur arrêté, a quelque chose de pathétique, au moins pour le novice que je suis. C'est le 3e phénomène du genre que je vois en quelques jours, cela ne semble donc pas trop rare. Et l'ironie du sort veut que ce cargo-ci s'appelle «Voyager»!
L'officier de quart aime bien causer. Nous échangeons sur divers sujets et notamment la Roumanie et la Suisse. D'après lui, je dois absolument aller visiter son pays qui est magnifique, avec des trésors architecturaux, principalement des églises, qui figurent au patrimoine mondial de l'Unesco. Son épouse aimerait bien voir la Suisse. Il me demande conseil sur la saison la plus agréable et se recommande que je le guide, le cas échéant. Nous échangerons nos coordonnées pour communiquer par e-mail.
À propos d'e-mails, je ne retrouve pas sur l'ordinateur de la salle de conférence les messages que j'ai envoyés avant-hier à ma fille et à Jean-Jacques, notre ami de Lomé. À la fin de son service, l'officier roumain, dont j'ai sollicité l'aide, ne les retrouve pas non plus. Il semble que d'autres courriels aient également disparu. Il s'agit certainement d'une fausse manipulation, car on ne voit pas qui aurait intérêt à supprimer ainsi la correspondance des autres.
Je renvoie donc de nouveaux messages à mes correspondants... et quelques heures plus tard leurs réponses figurent à l'écran! Tout est bien.
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À 19h15,
au large de la Sierra Leone,
il y avait du vent. |
À suivre...
(Rappel: les images sont «cliquables»)
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