L'antilope cheval
Jeudi 8 mai 2003, 6h30
Jai
dormi au Grillon, juste en face de la gare routière de la compagnie STMB
dont l'emblème est l'antilope cheval (?). À chaque fois, je suis
fasciné par la ruche quest cet endroit, dès le levé
du jour. En fait de gare routière, cest une cour carrée denviron
50 m de côté avec une large porte coulissante métallique sur
la rue. Lentrée est «gardée» par un service dordre
maison qui filtre les gens et surtout repousse im pitoyablement la plupart des
marchants ambulants. Et dans cette cour sont garés 5 ou 6 grands cars de
60 places et quelques minibus «climatisés». À part ça,
il y a bien 50 deux-roues et au moins 200 personnes. Inutile de préciser
que cette situation nautorise pratiquement aucune manoeuvre: le dernier
car entré dans la cour bloque la sortie et repartira le premier.
Autour des véhicules, lanarchie est finalement
assez bien gérée. Un écriteau contre le pare-brise indique
la destination et lheure du départ. Un haut parleur diffuse copieusement
des mélopées entrecoupées dannonces pour les événements
clés du rituel de départ: chargement des bagages et embarquement
des passagers. Les cars ont de grosses soutes et souvent le toit est praticable.
Dans ce dernier cas, on assiste à des scène incroyables de chargement
à plus de 3 mètres de hauteur. Sacs de céréales, vélos,
motos, meubles, bois de construction, matelas mousse, nattes, bidons, quincailleries
diverses... tout finit par trouver sa place et être amarré à
laide de cordelettes ridicules nouées entre elles. Et il semble même
quen général tout arrive à bon port! ;-)
La
STMB a la réputation de tenir lhoraire, ce qui est une prouesse tenant
souvent du miracle! Le planning de départ est étonnamment rigoureux...
et rigoureusement appliqué. Dès que le car est en place, les bagages
sont chargés (en parlant de bagages, je ne suis quun vulgaire amateur
débutant: ici les gens voyagent avec des quantités hallucinantes
dobjets, voire danimaux!). Quinze minutes avant le départ,
les voyageurs sont appelés et seuls les possesseurs de billets entrent
dans le véhicule. À 5 minutes du départ, un aide chauffeur
lance le moteur, comme sil ne faisait déjà pas assez chaud!
Trois minutes avant le départ, le chauffeur prend place et donne quelques
vigoureux coups daccélérateur pour confirmer sa présence.
Derrière le car, les gens toussent. Les aides chauffeurs claquent les portes,
lécriteau est retiré par un employé et à lheure
pile foi de Suisse le chauffeur lance son engin sur la foule avec
de grands coups de Klaxon et un vrombissement qui laisse sur place un fantastique
nuage noir. Il est 7 heures.
Et la foule sécarte. La porte de la cour
sest ouverte et le car sort dans la rue, au pas, mais sans ralentir, alors
même quil y a encore plus de monde quà lintérieur.
Pour rejoindre lasphalte, il y a une petite centaine de mètres où
se frôlent piétons, taxis, marchants ambulants, deux-roues, sans
règles précises: tu va où tu peux, en fonctions des usagers
plus lourds que toi, des nids de poules, des obstacles en dur et finalement des
usagers plus légers... dans lordre décroissant des priorités!
Avec un gros car et un Klaxon en bon état, la tâche paraît
simple et on sen sort sans blesser personne.
La
sortie de Ouagadougou à lheure de la «montée»
(larrivée des gens au travail; la fin du boulot est appelée
la «descente») est aussi un spectacle. Cest un peu moins dense
mais on roule beaucoup plus vite et si jen crois la règle du carré
de la vitesse, cest donc énormément plus dangereux. Il y a
dailleurs des accidents et si aujourdhui ce nest heureusement
pas le cas, cest quon a de la chance... et un chauffeur qui klaxonne
presque sans arrêt!
Je ne suis pas mécanicien, mais je crois que les amortisseurs du car sont
complètement nases. Peu perceptible sur la première moitié
du trajet, le phénomène samplifie et devient franchement inquiétant
à partir de Yako, à 70 km de Ouahigouya: à chaque dos dâne
ou bosse un peu importante (et je vous jure que ça ne manque pas, malgré
lexcellente réfection de la route), lavant du car se soulève,
passe la bosse et retombe en «plantant» les suspensions jusquau
fond, avec un gros bruit et un choc sourd métal-métal, comme un
violent coup de masse. En général, à ce moment-là,
le car rebondit et se replante avec le même bruit et le même choc,
puis redécolle encore et ainsi de suite, jusquà ce que le
chauffeur décide de ralentir un peu, après 5 ou 6 coups! Je vous
rappelle qu'il s'agit d'un car de 60 personnes, aux soutes surchargées,
et qui roule à 90 km/h au moins (le compteur est foutu, mais on fait 180
km en 2h30, arrêts compris). Heureusement que la route est presque droite!
On arrive tout de même et là aussi des amis sont venus mattendre.
Je retrouve donc Ouahigouya pour quelques jours de repos (?) jusquà
dimanche...
[Ouahigouya, 10.5.2003]
Levé de soleil sur la gare routière. |
Quand les soutes sont pleines, les sacs de céréales
vont sur le toit. |
... comme les vélos, meubles, poutres, etc. |
Légendes des photos:
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